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au rapprochement entre les trois groupes Vivendi, Canal + et Seagram (moyennant
40 milliards de dollars), qui a donné naissance au deuxième groupe
mondial de communication derrière AOL-Time Warner, avec un chiffre d'affaires
de 26,56 milliards d'euros, le CSA (Conseil Supérieur de l'Audiovisuel),
présidé par Hervé Bourges, s'était insurgé
contre le projet dès le 9 juillet, invoquant le non-respect de la loi anti-concentration
du 30 septembre 1986. Cette loi interdit en effet qu'un actionnaire détienne
plus de 49% d'une société de télévision, c'est-à-dire
que la future entité Vivendi Universal ne peut pas contrôler plus
de 49% du capital de la chaîne française Canal +. Le CSA menaçait
même de retirer l'autorisation de diffusion à Canal +, récemment
prolongée pour cinq ans, si les conditions du rapprochement n'étaient
pas modifiées, mettant ainsi en péril le projet envisagé.
Devant
cette résistance non prévue de l'instance de régulation,
Jean-Marie Messier, Président de Vivendi, a donc dû revoir sa copie.
Le projet initial prévoyait de vider Canal + de sa substance, à
savoir ses abonnés : Vivendi Universal s'appropriait ainsi la quasi-totalité
des actifs du groupe de télévision payante et la base des abonnés
tout en ne détenant que 49% du capital de la structure. La valorisation
estimée de Canal + passait ainsi de 3,5 milliards d'euros à moins
d'un milliard d'euros (soit entre 5,6 et 7,8 euros par action), du fait d'un résultat
d'exploitation évalué à 50 millions d'euros.
Le nouveau
projet présenté prévoit une structure juridique complexifiée
: dorénavant, Canal + conserve la propriété et les recettes
de ses 4,5 millions d'abonnés, ce qui représente 1,5 milliard d'euros
(sur un chiffre d'affaires total du groupe Canal + de 3,7 milliards d'euros).
Le groupe Canal +, qui devient Canal + SA, sera détenu à 49% par
Vivendi Universal. Une nouvelle filiale créée pour l'occasion, Canal
+ Distribution, bénéficie d'un mandat de jouissance de 30 ans pour
l'exploitation exclusive du fichier d'abonnés de Canal +. En contrepartie,
Canal + va verser une redevance à sa filiale, calculée de façon
à garantir un résultat d'exploitation de Canal + SA de 50 millions
d'euros, ce qui laisse inchangée sa valorisation par rapport au projet
initial. Le capital de Canal + Distribution sera détenu à 100% par
Vivendi Universal, ce qui permet au nouveau groupe de profiter indirectement du
mandat d'exploitation.
Le second
projet peut donc être schématisé de la façon suivante
:
Le CSA
a donc donné son accord de principe concernant cette seconde proposition,
qui permet ainsi à Canal + de conserver son assiette financière
et donc " d'honorer ses engagements réglementaires et contractuels
à l'égard de la production cinématographique et audiovisuelle
" (la chaîne française est effectivement tenue de consacrer
chaque année 9,5% de son chiffre d'affaires au cinéma français,
soit 900 millions de francs par an).
La loi
est ainsi habilement et légalement contournée par Vivendi, mais
ce montage permet à Canal +, qui reste propriétaire de son fichier
d'abonnés, de conserver une autonomie financière et commerciale
ainsi qu'un contrôle sur le contenu de ses programmes.
Vivendi
et Canal + ont fait part de leur satisfaction concernant la décision du
CSA, qui permet à leur projet de rapprochement de franchir une étape
importante. Ce rapprochement permet la poursuite de la stratégie d'intégration
verticale du groupe, allant de la création de contenu à sa diffusion
via des canaux de distribution de nouvelle génération. Vivendi Universal
est à même de fournir un contenu de qualité extrêmement
diversifié (musique, films, programmes de télévision, jeux
vidéo, édition), permettant le renforcement de la position de leadership
sur l'accès à Internet à travers le portail Vizzavi.
Le nouveau
groupe Vivendi Universal sera ainsi constitué à 59% des actionnaires
de Vivendi, à 29% de ceux de Seagram (pour rappel, la parité d'échange
est de 0,7 action Vivendi Universal par action Seagram détenue) et à
12% de ceux de Canal +, ces derniers se voyant offrir, comme il était prévu
dans le projet initial, 2 actions du nouveau groupe plus 1 action Canal SA pour
1 action Canal + détenue, permettant ainsi de compenser la perte d'une
partie de la valorisation de Canal +.
L'accord
du CSA est une chose, mais celui des actionnaires minoritaires en est une autre
: en effet, l'exclusivité du mandat d'exploitation confié à
Vivendi Universal, via Canal + Distribution, risque d'être remise en cause,
car une pluralité de mandats d'exploitation permettrait certainement de
diminuer les redevances versées, donc d'améliorer le résultat
d'exploitation et finalement d'augmenter la valorisation de Canal + SA.
Cette
approbation du CSA va néanmoins permettre à Jean-Marie Messier de
souffler un peu. Car son marathon n'est pas terminé : il lui reste désormais
à affronter les autorités de la concurrence européenne et
américaine
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Nathalie
PELRAS / Richelieu Finance
Gérante du FCP TECH NET
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