ous
avons vu précédemment comment définir
la qualité de l'expérience vécue par
un utilisateur sur un site, et comment tenter de fournir
des contenus et des services susceptibles de l'optimiser.
Maintenant, comment évaluer cette expérience
?
Bien
sûr, une évolution positive de votre trafic,
de vos taux de conversion, de vos retours chiffrés
constituent une bonne indication pour juger de la qualité
de votre service. Mais une évaluation seulement basée
sur les retours d'utilisation du site a deux inconvénients
majeurs:
Tout
d'abord, la prise en compte de la qualité de l'expérience
utilisateur ne s'effectue ici qu'après la mise en
service du site. Si par malheur, votre site se révèle
médiocre, vous risquez de vous retrouver dans la
situation d'avoir beaucoup de choses à changer après
avoir lourdement investi.
D'autre part, même si vos indicateurs vous satisfont,
peut être que vous pourriez faire beaucoup mieux en
améliorant la qualité de votre site, compte
tenu de la valeur intrinsèque de votre offre.
Par
conséquent, il convient d'analyser plus précisément
la relation entre vos utilisateurs et votre site pour maximiser
la qualité de l'expérience qu'ils éprouvent
en le visitant, et ce avant comme après sa mise en
service.
Deux
familles de méthodes sont généralement
employées pour procéder à cette évaluation,
une mauvaise et une bien meilleure. Les méthodes
fondées sur l'interrogation des usagers après
utilisation du site sont méthodologiquement biaisées
et ne peuvent que vous conduire à une appréciation
fausse des problèmes rencontrés et de leurs
solutions. En revanche, les méthodes fondées
sur l'observation réelle des utilisateurs en situation
d'utilisation donneront de bien meilleurs résultats.
A
éviter : le questionnaire ou le groupe de discussion:
Il
existe principalement deux méthodes interrogatives,
aussi néfastes l'une que l'autre:
· Le questionnaire de fin de visite : consiste à
interroger le visiteur à la fin de son parcours sur
un site en ouvrant une fenêtre spécialement
dédiée à cet effet.
· Le groupe de discussion ("focus group"): consiste
à réunir un groupe d'utilisateur et à
lui faire exprimer ce qu'il a ressenti en visitant le site,
ou pire, en observant des captures d'écran en mode
démo
Dans
les deux cas, les résultats fournis par ces méthodes
sont médiocres. En effet, si l'utilisateur sait généralement
décrire les problème qu'il a rencontrés,
et encore, sous réserve que sa mémoire ne
lui joue pas de tours, il est très souvent un piètre
analyste des raisons qui ont occasionné ces difficultés.
Aussi risque-t-il de vous suggérer, directement ou
involontairement, des solutions inaptes à les résoudre.
De
plus, chaque méthode a ses biais spécifiques:
la qualité du questionnaire dépend directement
de votre capacité à poser des questions parfaitement
formulées et interprétées de façon
unique par tous les lecteurs, ce qui dans la pratique est
très difficile à obtenir. Et dans un groupe
de discussion, la première personne à prendre
la parole, ou les "fortes personnalités", influencent
notablement le cours de la discussion.
Les
tests par de vrais utilisateurs, seul outil fiable de mesure
de la qualité de l'expérience utilisateur.
Ces
tests consistent à placer de vrais utilisateurs du
net, n'ayant aucune implication dans votre projet, devant
votre site, et à les observer pendant qu'ils l'utilisent.
Pendant le test, un observateur, si possible ergonome, sera
aux côtés de l'utilisateur mais ne devra en
aucun cas l'aider. Le testeur sera invité (mais sans
pression abusive) à penser à voix haute pendant
le test, et devra être clairement rassuré sur
le fait que c'est le site qui est testé, et non lui
même. La configuration matérielle du test (modem,
écran, version du navigateur) devra être conforme
aux situations les plus fréquemment rencontrées.
·
Deux méthodes de déroulement sont envisageables
pour ces tests:
1.
Le test pendant lequel l'utilisateur accomplit des tâches
définies à l'avance, correspondant le plus
souvent aux actions que le maître d'ouvrage souhaiterait
voir accomplies par les usagers. Cette méthode est
intéressante pour juger de l'utilisabilité
d'un site. Elle a toutefois l'inconvénient de dire
à l'utilisateur ce qu'il doit faire et donc ne peut
en aucun cas juger de l'envie que l'utilisateur aurait eu
d'accomplir ces tâches en situation réelle
d'utilisation.
2.
Aussi de nombreux professionnels préfèrent-ils
employer une méthode de test plus libre dans laquelle
on sélectionne des personnes ayant un projet personnel
(tel type d'achat, etc
) conforme aux objectifs du
site, et où on laisse l'utilisateur suivre le cheminement
qui lui semble le meilleur. Toutefois, cela suppose de trouver
des testeurs réellement intéressés
par l'objet du site (c.a.d. même prêts à
jouer avec leur propre argent le cas échéant
),
ce qui n'est pas toujours facile. Mais cette seconde façon
de procéder permet de tester non seulement l'utilisabilité
du site mais aussi l'efficacité du contenu et la
confiance qu'il distille. Elle est donc plus riche que la
précédente.
·
5 Testeurs suffisent :
Pour
organiser de tels tests, point n'est besoin d'un bataillon
de testeurs
En fait, de nombreux cobayes seront bloqués
par les mêmes difficultés, et des études
ont montré qu'au delà du 5ème testeur,
la probabilité de trouver de nouveaux problèmes
justifiant le coût du test s'amenuisait. Vous pouvez
donc organiser des tests-utilisateur dans des conditions
très économiques.
Quand
tester ?
Pas
besoin d'attendre que le site soit en production pour le
tester. Bien au contraire, dès que son développement
a atteint un stade significatif, organiser un test vous
permettra de repérer de nombreux dysfonctionnements
et évitera à votre public d'y être confronté,
ce qui améliorera la qualité perçue
de votre service. Et si vous avez un budget permettant d'aller
au delà de 5 testeurs, vous pourrez organiser plusieurs
petites sessions de test, par exemple une en milieu et l'autre
en fin de développement, afin de vérifier
que vos corrections ont bien résolu les problèmes
rencontrés.
Enfin,
bien sûr, une fois votre site en ligne, vous devrez
sans doute procéder à de nouveaux tests si
vous constatez que son usage est rendu difficile par un
accroissement du volume des pages, ou si ses objectifs changent,
nécessitant des réadaptations fonctionnelles.
Les bénéfices du test utilisateur
Aujourd'hui,
le "taux de conversion acheteurs/visiteurs" moyen des sites
de commerce électronique est à peine supérieur
à 1%, et de nombreuses études montrent que
de nombreuses ventes sont perdues à cause d'une mauvaise
conception de l'interface ou de manques criants au niveau
du contenu. Mais des tests utilisateur bien conduits permettent,
à coût très faible, d'obtenir une évolution
très positive de ce ratio, parfois supérieure
à 100%. Il en sera de même si l'objectif de
votre site n'est pas la vente directe: nous avons vu dans
l'article précédent que vous pouvez choisir
d'autres définitions du taux de conversion pour votre
site en fonction des objectifs que vous lui avez assignés,
et là encore, de bons tests bien exploités
donneront des résultats souvent remarquables.
Jusqu'ici,
nous nous sommes concentrés sur la perception subjective
que l'utilisateur peut avoir de la qualité d'un site.
Existe-t-il des moyens d'objectiver cette qualité
? Peut on certifier ou labelliser la qualité web
? rendez vous la semaine prochaine !
Vincent Bénard et Elie Sloïm
Elie Sloïm est le fondateur du site e-qualite.com, ressource d'information sur la qualité
des sites Internet et services en ligne.
Vincent Bénard est fondateur du site veblog , ressource pour bâtir des projets web efficaces centrés sur leurs utilisateurs.
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