Baptisée One-to-mail, la solution technologique clé en main de Caramail
a immédiatement connu un succès certain. Lorsqu'on se base sur une
solide connaissance d'un produit, une maîtrise parfaite de ses applications
en ligne et une vision économique claire et éprouvée de ses possibilités,
on peut avec une certaine légitimité passer du rôle de concepteur à
celui de prestataire. Côté back-office, on sait comment implanter la
technologie et surtout comment anticiper d'éventuelles montées en charge.
Un service internet en marque blanche, c'est une prestation technique
complète que l'on met à la disposition d'un site client contre rémunération,
en général mensuelle mais parfois indexée sur le volume de trafic ou
pour parler web, au prorata du nombre de pages servies. Cette relation
entre professionnels se distingue d'abord du partenariat par ses fondements
économiques : le site qui souhaite intégrer un service de base comme
les petites annonces ou les enchères, s'engagent à payer le prestataire
pour couvrir les frais d'installation et de fonctionnement, mais aussi
ceux liés à l'animation et à la maintenance. Charge aux clients de
rentabiliser l'investissement par la vente d'espaces publicitaires,
les commissions éventuellement perçues sur les transactions de commerce
électronique ou tout autre moyen possible.
Législation sur les droits d'auteur oblige, il est difficile d'imaginer
que les sites à caractère éditoriaux puissent, d'une manière similaire,
prendre en charge l'animation rédactionnelle d'une rubrique spécialisée
d'un site client. L'auteur ou au moins l'éditeur devant nécessairement
apparaître en vertu des droits de propriété intellectuelle, une société
comme l'AFP, déjà fournisseur de fils d'information pour une quantité
astronomique de sites internet, ne pourrait pas apparaître en marque
blanche.
A ce jour, la plus belle réussite du modèle demeure incontestablement
l'offre de la société Mixad, un service clef en main et personnalisé
de petites annonces en " marque blanche " qui a reçu, lors de l'édition
2000 de Capital IT, le trophée des trophées de la start-up la plus
performante. Le service fédère en effet aujourd'hui une bonne trentaine
de sites dont certains comme les fournisseurs d'accès internet gratuit
Free.fr, Spray, M6.net et Worldonline pourraient passer, avouez-le,
pour des concurrents frontaux.
La " marque en blanche ", dans un modèle exclusivement B2B de partenariat
commercial entre sites, à de quoi séduire le commun des webmestres
pour deux raisons : ?
- La rapidité et la souplesse d'intégration : c'est le prestataire
qui s'adapte à la charte graphique du client, qui personnalise l'offre
en fonction de la cible visée (un portail du logement pourra n'afficher
que les petites annonces dans le secteur de l'immobilier), qui assure
la maintenance technique et l'hébergement du service ; ?
- L'effet réseau est immédiat : dans le cas de Mixad, le nombre
des petites annonces proposées est extrèmement élevé dès l'intégration
du service sur un nouveau site client. Alimenté en nouvelles offres
de particuliers par tous les sites clients en même temps, la base
de données centrale hébergée par Mixad grossit et profite à tous.
A l'opposé, lorsqu'une prestation en " marque blanche " ne prend
pas, qu'il fonctionne mal ou pas du tout, comme le service d'échanges
d'objets instrumenté par le prestataire Evatek sur des sites connus
comme Respublica et Diligo, les animateurs de ces derniers n'ont que
les yeux pour pleurer. Ce type de contrat requiert en effet une durée
minimale avant laquelle il s'avère impossible de sortir sans risquer
une rupture abusive d'engagement.
Pour s'offrir un service classique sous " marque blanche ", un site
client doit s'attendre à débourser un minimum garanti compris entre
5000 et 10000 francs auxquels il faut ajouter un prix unitaire par
utilisateur (les prestataires d'email gratuit facturent chaque membre
actif de 1 à 3 francs par mois) ou par millier de pages servies (proche
de 50 francs/CPM pour couvrir les frais de maintenance technique, l'hébergement
et la bande passante). On comprend dès lors que la perspective de générer
des revenus réguliers puissent séduire certaines " jeunes pousses "
qui peinent à convertir leur trafic en ressources publicitaires ou
en commissions. Un peu noyée dans la guerre francophone de l'achat
groupé derrière des marques comme Clust, Akabi ou LeSpot, la société
Dealpartners, éditrice du site de " group buying " UnionDream a ainsi
fait évoluer son modèle durant l'été 2000 pour proposer sa solution
technique en " marque blanche " à d'autres acteurs du web parmi lesquels
Freesurf, Noos, Bonjour.fr ou encore Sam-Mag. Un revirement stratégique
probablement salutaire qui se fonde sur deux arguments de poids : ?
- D'une part, l'effet de masse est inhérent au succès même du principe
de l'achat groupé dont le crédo est, rappelons-le : " plus nombreux
sont les acheteurs, moins cher est le produit ! ". Ainsi plus le réseau
comptera de sites clients, plus il générera de clients potentiels,
c'est mathématique ; ?
- D'autre part, pour tenir le coup sur un modèle aussi incertain,
il faut savoir générer des revenus et, en ce sens, le modèle B2B qui
constitue à doter des sites B2C à fort trafic d'un service en vogue
permettait à Arthur Lepage, le PDG co-fondateur d'UnionDream d'affirmer
que cette nouvelle méthode de diffusion du concept représenterait
90% de ses revenus dès 2002.
Pour les jeunes sociétés, propriétaires d'une technologie avancée,
la question de la " marque blanche " se pose fatalement tôt ou tard.
Puisque dans la conception d'un business modèle pérenne, il faut différencier
les sources de revenus et, en tous cas au départ, privilégier celles
qui sont stables, louer une solution technique à d'autres sites constitue
une hypothèse intéressante.
<< La 1ère Partie
Philippe
Monteiro Da Rocha
Co-Auteur du Best-Seller " Netentreprises :
réussir online ", Ed Campus Press Co-écrit par Fabrice Boutain
et préfacé par Orianne Garcia .Ce livre Accompagne et conseille, point
par point, les entrepreneurs depuis la validation de leur concept jusqu'à
la formulation d'un business modèle viable, en passant par la mise
en place des stratégies "e-trafic".
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