e jeudi 17 août, après 14 jours et 173 rounds d'enchères, six vainqueurs se sont vu attribuer des licences de téléphonie mobile de troisième génération (UMTS) en Allemagne, pour un montant total de 50,5 milliards d'euros. Après la Finlande, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et l'Espagne, l'Allemagne a à son tour terminé l'attribution des licences UMTS sur son territoire. Pour rappel, le Royaume-Uni a obtenu 38,5 milliards d'euros pour 5 licences attribuées à TIW, Vodaphone-Airtouch, BT, Orange (France Télécom) et One2One (Deutsche Telekom) ; les Pays-Bas ont accordé 5 licences (à KPN, Libertel, Dutchtone, 3G Blue (Belgacom, TeleDanmark, Deutsche Telekom) et Telfort) pour un montant total de 2,68 milliards d'euros ; l'Espagne a attribué 4 licences, à Telefonica, Amena, Airtel et au consortium Xfera (regroupant Sonera, Vivendi et Orange) pour 12 milliards d'euros.
Pour l'Allemagne, on recensait encore 11 candidats à la fin du mois de mai. Mais Vivendi, Talkline (TeleDanmark), MCI Worldcom et E-plus se sont retirés de la compétition avant le début des enchères. Après l'abandon de Debitel (Swisscom), les douze blocs de fréquences de 5 mégahertz chacune ont été répartis en parts égales entre les six candidats restant en lice au moment de la phase finale des enchères, à savoir T-Mobil (Deutsche Telekom), Viag Interkom (BT et le norvégien Telenor), Mannesmann Mobilfunk (Vodaphone), 3G (consortium entre Telefonica et le finlandais Sonera), Auditorium (consortium entre KPN, E-plus, Hutchinson et NTT DoCoMo) et MobilCom (détenue pour l'instant à 28,5 % par France Telecom). Chacun va donc devoir débourser dans les 10 jours entre 8,36 et 8,47 milliards d'euros pour deux blocs de licences, alors que leur mise à prix avait été fixée à 102 millions d'euros ! Cette manne financière de 100 milliards de marks environ va permettre au gouvernement allemand de rembourser une partie de l'énorme dette de l'Etat fédéral qui se situe aujourd'hui à 1.550 milliards de marks (sur une dette publique totale de 2.300 milliards de marks, représentant plus de 60 % du PIB), ce qui permettra d'économiser rien moins que 2,5 milliards d'euros en un an au titre des intérêts.
Le montant exorbitant des licences UMTS allemandes donne à réfléchir sur la rentabilité future des opérateurs télécoms attributaires. On estime à 8 à 10 années de revenus par abonné le temps nécessaire pour rentabiliser les achats de licences UMTS. Or, les services attachés à cette nouvelle norme ne seront pas commercialisés avant 2002. D'ici là, les opérateurs vont devoir financer les acquisitions de licences dans plusieurs pays et le déploiement des réseaux UMTS. De plus, la concurrence sera rude en Allemagne du fait de l'attribution de licences à six opérateurs contre seulement 4 ou 5 dans les autres pays européens, ce qui représente un autre facteur de risque de baisse de la rentabilité des services UMTS.
Les licences UMTS n'ont pas encore fini de faire parler d'elles : suite à la fin des enchères allemandes, la France a dévoilé les modalités d'attribution de ses quatre licences, à savoir une sélection sur dossier avec le paiement d'un forfait de 4,95 milliards d'euros, payables de façon échelonnée jusqu'en 2016. Plus précisément, les quatre licences d'une durée de 15 ans seront officiellement délivrées en juin 2001, mais elles ne seront effectivement disponibles sur l'ensemble du territoire que début 2003. La mise à disposition des licences UMTS sur le marché français (deuxième marché européen de la téléphonie mobile) sont donc plus avantageuses que sur les marchés allemand et anglais : le prix actualisé est relativement réduit (230 euros par habitant pour la France, contre 620 pour l'Allemagne et 640 pour le Royaume-Uni) et le nombre de licences accordées est moindre (4, contre 5 ou 6), ce qui permettra aux opérateurs de rentabiliser beaucoup plus rapidement les services UMTS et de dégager des marges plus importantes. Cependant, la durée limitée des licences invoque irrémédiablement la question suivante : compte tenu du montant important des frais engagés pour la mise en place effective des services UMTS, les opérateurs auront-ils suffisamment de temps pour dégager un retour sur investissement suffisamment intéressant ?
En ce qui concerne les autres pays européens, le calendrier de la fin de l'année 2000 et les modes d'attribution disponibles sont les suivants :
- l'Italie a prévu d'attribuer à l'automne 5 licences par présélection puis adjudication avec possibilité de surenchères et espère ainsi engranger au moins 13 milliards d'euros,
- la Suisse compte récupérer entre 3,8 et 6,4 milliards d'euros avec la mise aux enchères de ses licences à la fin de l'année,
- la Belgique mise sur 1 à 1,5 milliard d'euros pour l'attribution de quatre licences par enchères d'ici la fin de l'année,
- l'Autriche organisera ses enchères pour 5 ou 6 licences au mois de novembre,
- la Pologne lancera son appel d'offres pour 5 licences en octobre,
- la Suède délivrera gratuitement 4 licences en novembre,
- le Portugal, l'Irlande, la Suède, le Luxembourg et la Norvège attribueront leurs licences sur dossier,
- le Danemark n'a pas encore arrêté de date pour ses enchères.
Fabrice Lefevre Sory / Richelieu Finance
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