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nous interrogions sur les possibles modes de sélection pour l'attribution
des 4 licences UMTS et sur l'enjeu pour les opérateurs mobiles. Alors que
ces derniers redoutaient majoritairement le recours aux enchères, le ministre
de l'Economie et des Finances français a finalement tranché pour
la sélection sur dossiers pour un montant global de 130 Milliards de francs...
Ne cédant
pas à la forte tentation de placer les 4 licences aux enchères comme
l'ont fait les britanniques (au total 250 Milliards de francs) et les allemands,
le gouvernement français a tout de même fixé le prix de la
licence à 32,5 Milliards de francs (16,25 Milliards payables au cours des
deux prochaines années et le solde étalé sur 13 ans). L'essentiel
de cette somme, environ 100 Milliards de francs, sera affecté au fonds
de retraite. Quant au reste, il devrait servir à désendetter l'Etat
que ce soit en rachetant ses emprunts ou en réduisant le déficit
budgétaire afin de baisser à terme les charges fiscales. Si ce choix
ne devrait pas atteindre significativement l'équilibre financier des opérateurs,
le contentement est loin d'être total.
Parmi les
plus vindicatifs, Jean-Marie Messier n'est pas en reste; qualifiant le prix d'exorbitant
et de déraisonnable, le président de Vivendi s'insurge contre "
un impôt qui détruit de la valeur ". Ainsi, afin de financer
partiellement l'acquisition de sa licence, Vivendi a dû céder 3%
de la chaîne britannique à péage BskyB. Ne rapportant que
6,5 Milliards de francs, cette cession ne suffira pas, obligeant le groupe rajouter
directement le même montant et SFR à autofinancer le reste.
Bien que
France Telecom s'attendait à un prix de 23 Milliards de francs la licence,
son attitude face à la nouvelle s'est avérée plus modérée
(est-il en effet de bon ton de critiquer les décisions de son actionnaire
majoritaire surtout quand il s'agit de l'Etat ?). Avec une part de marché
de 48,2%, il demeure le nº1 français, d'autant que l'acquisition d'Orange
lui ouvre les portes du marché européen.
La situation
de Bouygues Telecom est quant à elle beaucoup plus délicate. Entre
l'acquisition de la licence et les investissements d'infrastructures, le nº3
français devra décaisser 42,5 Milliards de francs atteignant ainsi
les limites de sa capacité de financement. Toute nouvelle levée
de fonds auprès des actionnaires (autres que Telecom Italia Mobile) étant
exclue, la cession des actifs semble aujourd'hui très probable. Ainsi seul
Telecom Italia Mobile dont la participation dans Bouygues Telecom est à
hauteur de 11%, serait susceptible de monter dans le capital de l'opérateur.
Si les
trois opérateurs précédents ont de fortes chances d'obtenir
chacun une licence, le choix du quatrième est moins évident. Beaucoup
de prétendants sont en lys dont de nombreux étrangers. Grâce
au consortium constitué avec l'espagnol Telefonica, Suez Lyonnaise fait
figure de favori parmi les " outsiders ". Deutsch Telekom qui avait
été un des rares à réclamer les enchères devra
constitué pour sa part un consortium avec des partenaires européens
s'il veut pouvoir prétendre à l'acquisition de cette 4ème
licence. La hantise du groupe allemand avait été mise en exergue
par les déclarations de son Président Ron Sommer; celui-ci affirmait
à l'époque que seules les enchères permettraient à
un opérateur non français d'acquérir une des quatre licences
car la sélection sur dossiers par l'administration française favoriserait
forcément les nationaux. Il n'est pas non plus totalement exclu que Deutsch
Telekom jette à nouveau son dévolu sur Bouygues Telecom, même
si par le passé les tentatives d'accord ont échoué.
Il apparaît
nettement que l'enjeu de cette bataille est énorme. Cette licence, qui
permettra de promouvoir l'internet mobile à grande échelle, est
donc indispensable pour conquérir un marché européen estimé
entre 125 et 200 millions d'internautes d'ici 2004. Le téléphone
mobile devrait non seulement dépasser les micro-ordinateurs dans l'accès
à Internet, mais permettre grâce au nouveau langage qu'est le WAP,
de développer des services tels que le visiophone, la messagerie vidéo...
En terme
de financements, seuls France Telecom et SFR (Vivendi) ne devraient donc pas avoir
de difficultés à acquérir les licences et à mettre
en place les investissements structurels nécessaires au développement
de cette téléphonie de 3ème génération. Quant
aux autres, le doute persiste et le recours aux alliances est tout à fait
envisageable. En outre, la problématique de retour sur investissement est
bien plus inquiétante et complexe. Tant la durée que l'amortissement
de la licence sont estimés à 15 ans, or il fort probable que la
4ème génération de mobiles apparaissent avant cette échéance
obligeant ainsi les opérateurs à réinvestir dans cette nouvelle
technologie.
Alors qu'au
niveau de chaque pays européen l'attribution de licences est en cours,
il est impensable que les grands opérateurs se cantonnent aux simples limites
de leurs frontières (à l'image de France Telecom et de son acquisition
d'Orange). Dans ce contexte d'une concurrence inévitablement âpre,
la question est donc de savoir qui absorbera l'autre et quels seront les opérateurs
européens susceptibles de se présenter comme leaders mondiaux.
Nathalie PELRAS
/ Richelieu Finance
Gérante du FCP TECH NET
www.richelieufinance.fr
Tel : 01 42 89 00 00
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