epuis
la sortie du CCF (Crédit Commercial de France) du CAC 40 suite à
l'OPA de la banque londonienne HSBC en juillet dernier, le CAC 40 était
resté incomplet, ne comptant que 39 valeurs. Thomson Multimédia
a été élue pour intégrer l'indice phare de la bourse
de Paris le 23 août prochain, devançant ainsi les autres valeurs
éligibles que sont Altran Technologies, Castorama, Dassault Systèmes,
Sagem et Péchiney.
La société
a été introduite à la fin de l'année dernière
(en novembre 1999), à 10,75 euros. Aujourd'hui cotée autour de 73
euros, elle n'a pas déçu les investisseurs. L'exceptionnel parcours
boursier de cette valeur est dû à son étonnante croissance
et à ses excellentes perspectives. La société a publié
de très bons résultats semestriels : une hausse de 45 % de son CA
(4 milliards d'euros) et un doublement du résultat d'exploitation, à
167 millions d'euros. La marge opérationnelle est estimée à
5,7 % pour cette année, et entre 6 % et 7 % en 2002, contre 2,8 % en 1998
!
Quatrième
groupe mondial spécialisé dans l'électronique grand public,
Thomson Multimedia revient de loin : en effet, après dix années
de lourdes pertes, la société a su renouer avec les bénéfices
depuis 1998 suite à des plans de restructuration rigoureux et à
un repositionnement sur des segments porteurs réussis.
La société est présente sur quatre marchés, partout
dans le monde (64 % du chiffre d'affaires (CA) proviennent de l'Europe, 26 % des
Etats-Unis, et 10 % de l'Asie) : les écrans et composants (représentant
19 % du CA), les produits électroniques grand public (téléviseurs,
magnétoscopes, décodeurs numériques, lecteurs de DVD, soit
77 % du CA), les brevets et licences (4 % du CA) et une branche nouveaux médias
et services. Créé en 1999, ce dernier pôle a pour objectif
d'être associé aux opérations de diffusion de services interactifs
via la TV et la téléphonie, en collaboration avec des partenaires
industriels tels que Gemstar (guide programme TV électronique), DirectTV
(leader mondial de la TV numérique), Microsoft (TV interactive), Alcatel
(Webphone) et NEC (partenariat pour le développement de nouvelles générations
de produits). Thomson Multimedia devrait donc bénéficier dès
cette année de revenus récurrents. Les autres branches du groupe
permettent de financer le pôle médias et services, qui pèse
aujourd'hui sur la rentabilité du groupe, mais qui promet de très
intéressantes perspectives :
- Thomson
Multimedia prévoit par exemple de vendre l'an prochain 5 millions de téléviseurs
équipés d'un guide de programmes interactif (mis au point avec Microsoft)
et 8 à 10 millions en 2001.
- la société
est également bien placée pour pénétrer le marché
de l'Internet avec la création de la joint-venture européenne TAK,
qui permettra de se connecter à Internet avec une simple télévision
analogique à partir de la fin de cette année. Ce service permettra
de dégager des revenus de nature récurrente, grâce à
une association avec des annonceurs et des fournisseurs de services (TAK fera
office de portail), qui ne devrait pas poser de problèmes compte-tenu de
la notoriété du groupe. Parallèlement, Thomson Multimedia
prévoit de lancer d'ici fin 2001 le projet eTV, une joint-venture américaine
sur le même modèle que TAK. Ces projets sont cependant en concurrence
avec les offres déjà disponibles d'OpenTV, Canal + Technologies
et Liberate, qui fournissent un accès Internet sur téléviseur
ou par décodeurs sur plates-formes numériques.
- Le groupe
possède une participation de 21 % dans @TV Media, une joint-venture spécialisée
dans les guides de programmation électroniques pour téléviseurs
et autres plates-formes, créée avec Gemstar, qui devrait générer
d'importantes recettes publicitaires et des commissions sur les achats réalisés
par le biais de la publicité télévisée interactive
(" t-commerce ") dès 2001. Cette participation pourrait être
très rentable pour Thomson Multimedia. Le problème est qu'il subsiste
pour l'instant un manque de visibilité sur le programme de lancement de
TAK.
Le fabricant
d'électronique grand public a su saisir la formidable opportunité
que représente l'intégration de l'ère numérique à
la télévision, qui pourrait permettre à la société
de devenir un des principaux opérateurs de plates-formes de services interactifs.
Sa maîtrise technologique et ses partenariats avec les plus grands groupes
industriels devraient favoriser une prise non négligeable de parts de marché
dans le monde de l'interactivité.
Le groupe,
enfin, encore détenu à 51,7 % par l'Etat, doit être incessamment
privatisé. A cette occasion, la société va procéder
à une augmentation de capital pour d'une part élargir son flottant,
qui est seulement de 17 % actuellement, et d'autre part augmenter ses fonds propres,
permettant ainsi au groupe de saisir les opportunités de croissance externe.
La part de l'Etat ne devrait alors plus représenter qu'une minorité
de blocage de 33,33 % du capital, laissant ainsi une plus large marge de manuvre
au groupe pour poursuivre son développement en cours.
Francois
Escoffier / Richelieu Finance
Analyste buy-side
www.richelieufinance.fr
Tel : 01 42 89 00 00
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