nutile
de se voiler la face sous une pseudo moralité de bon ton
: le sexe sur le net fascine. Et c'est un révélateur
efficace à plusieurs niveaux.
D'abord parce qu'en jetant un coup d'il sur les statistiques
européennes, on se rend compte que nos préjugés
ne tiennent pas la route : on est surpris de constater que le
profil type du sexe addict n'est pas français, n'a pas
25 ans et ne se connecte pas trois heures par jour
Ensuite,
parce que l'industrie du sexe on line donne des idées fraîches
aux patrons de start-up qui y voient un modèle du genre
: les techniques de rabattage mise au point sur les sites X ont
fait leur preuve et le porno s'est avéré avoir les
reins plus solides que n'importe quel autre secteur en ces temps
de crise du Nasdaq.
Enfin, parce que les gros portails généralistes
ont tout à apprendre du sexe : une rubrique "charme"
qui suggère sans dévoiler, qui joue sur le côté
"tendancieux et coquin" sans sombrer dans la vulgarité
représente une part de trafic non négligeable
En
début d'année, Netvalue fait ses révélations
intimes : une
enquête réalisée au niveau européen
stigmatise les petites habitudes des consommateurs de sexe sur
le net . Mais, ô surprise, les clichés tombent et
les chiffres nous forcent à remettre en cause certains
préjugés pourtant bien ancrés dans les mentalités.
Ce sont les jeunes qui se rendent en masse sur les sites chauds
mais ce sont les plus vieux qui y restent !
En réalité, la surprise ne vient pas des seniors,
mais du temps de connexion par pays. C'est un cliché culturel
que de voir nos confrères allemands comme de sages pragmatiques
davantage intéressés par Goethe que par Pamela Anderson
Et pourtant ! Si l'on en croit les chiffres, la palme du temps
passé leur revient avec une moyenne de 70,4 minutes par
internautes par mois. Quant aux français, sur qui on colle
généreusement une image de séducteurs romantiques
et libertins, ils n'arrivent qu'en dernière position avec
45,9 minutes par mois
Pour ce qui est des pronostics pour la prochaine enquête,
Annabelle Jaeger, directrice de la communication chez Netvalue.fr,
ne s'autorise qu'à un seul commentaire : "bien sûr,
l'industrie du sexe sur le net ne peut qu'augmenter et avec elle
la fréquentation des sites pour adultes, mais les prochaines
statistiques mettront aussi en évidence la montée
en flèche de la fréquentation des sites d'infos
et de loisirs : comme pour le minitel, le sexe aura été
un vecteur essentiel mais le sérieux finit toujours par
reprendre le dessus !"
Techniques et positions stratégiques
En France, on recense 200 sites professionnels et plus de 7000
sites amateurs sans compter les newsgroups de tous poils où
il devient difficile de ne pas tomber sur un message explicite.
Dans ce contexte de concurrence féroce, de saturation du
marché, les administrateurs de sites marchands X ont mis
au point un véritable arsenal de techniques de marketing
on-line dont on devrait tous s'inspirer. Par exemple la méthode
dite du " rabattage "
Des sites gratuits ou amateurs
amènent du trafic sur les payants, c'est win-win
Le rabattage est une technique commerciale comme une autre et
qui fonctionne très bien dans l'industrie du sexe sur le
net. Monsieur X, gérant heureux d'une kyrielle de sites
homonymes, possède un seul site vendeur - BoutiK7.com -
sur lequel on trouve un stock de produits destinés au plaisir
: de la vidéo à la culotte en cuir en passant par
les escarpins vous y trouvez ce que vous voulez. Le problème
c'est que, seul, ce site n'est pas assez visible via les moteurs.
En réalité, les messieurs X sont tellement nombreux
sur ce marché qu'un bon référencement devient
presque impossible. Il faut donc construire des sites vitrines
qui, parce qu'ils sont gratuits et répondent à un
fantasme bien précis, attirent les internautes. Par exemple
le fétichisme du pied (http://www.talons-aiguilles.com/
) ou le SM pur et dur. Dès qu'ils ont franchi le seuil
de la première page, un pop-up s'ouvre et leur propose
une déroute vers le site principal où ils auront
la possibilité d'acheter.
Seconde technique, non moins efficace, les programmes affiliés.
Etant donné la profusion des sites adultes persos, Monsieur
X a tout intérêt à les faire rentrer dans
son circuit promotionnel. Il leur propose un partenariat simple
: ils mettent une de nos bannières sur leur page qui rabat
le visiteur sur BoutiK7. En échange, Monsieur X s'engage
à les faire bénéficier d'un pourcentage sur
ses ventes.
Aujourd'hui, l'évolution mensuelle de monsieur X, tous
sites confondus, est de 25 %. Les 4 employés de boutiK7
ne lâcheraient leurs places pour rien au monde
Le sexe, c'est démocratique !
De plus en plus, de dotcom généralistes créent
leur rubrique "charme", mais avec une problématique
de taille. Ne pas sombrer dans le licencieux à outrance,
tout en restant assez suggestifs afin d'augmenter leur trafic.
Chez Lycos, on a tout compris au sexe. La girafe une fois rachetée
par le labrador, toute l'équipe s'est réunie pour
chercher de quelle manière on pouvait conserver le trafic
généré par feus Spraylove (le service charme)
et Spraydate (le service rencontre). On a convenu qu'il fallait
contenter la majorité des internautes de 15 à 49
ans. Pour Carina Strömkvist, responsable de la rubrique Love@Lycos
http://spray.fr/spraylove
, tout est dans le ton que l'on donne au contenu du site."Spraydate
et Spraylove représentent aujourd'hui près de 200
000 membres", annonce Carina. "Il est clair qu'on doit
contenter tout le monde et pas exclusivement la niche de fanatiques,
pour qui érotisme équivaut à "cumshots
on your nipples" ! Nous avons plusieurs garde-fous. D'abord,
une équipe de modérateurs qui scrutent le moindre
message un peu limite.
"Ensuite, on travaille le ton et la manière de traiter
les questions. Je me souviens d'un sujet épineux sur la
sodomie : beaucoup d'internautes semblaient préoccupés
par cette pratique et nous faisaient parvenir leurs interrogations
dans un langage parfois très cru
Nous avons pensé
qu'il fallait leur répondre honnêtement, mais sans
en faire trop. Le ton reste donc volontairement généraliste
et l'on ne s'aventure pas dans des détails intimes un peu
"gore" !
"Le problème, c'est qu'à vouloir modérer
le plus possible, et faire les cybercopains, on risque de produire
un discours un peu creux qui, loin de satisfaire tout le monde,
ennuie la majorité. Mais c'est un piège dans lequel
Love@Lycos n'est pas tombé.
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