undi 15 janvier, l'annonce de la suspension des actions
Legrand et Schneider et la tenue d'un réunion commune
a surpris bon nombre d'intervenants dans les salles de marché.
Même si la fusion des deux groupes était attendue
depuis près de dix ans, elle a pris de cours les
marchés financiers.
L'offre
d'OPE amicale.
Schneider offre sept actions Schneider Electric (jouissance
1er janvier 2001), pour deux actions ordinaires Legrand
et deux actions Schneider Electric (jouissance 1er janvier
2001), pour une action ADP Legrand. A cela s'ajoute le versement
d'un dividende global de 1.87 Euros par action ordinaire
Legrand et 2.99 Euros par ADP.
Ainsi une prime de 19.8% est offerte pour les détenteurs
des actions ordinaires et de 25.5% pour ceux des actions
ADP (cours de clôture du 12 janvier).
2
Legrand ordinaires = 7 Schneider + 1.87
1
Legrand ADP = 2 Schneider + 2.99
Cette offre valorise Legrand à 8.2 milliards d'Euros.
Elle a été soutenue par les conseils d'administration
des deux groupes. Pour Legrand, les familles contrôlant
la majorité des droits de votes (56%) avec 40% des
actions ordinaires (certaines actions ont un droit de vote
double) ont accepté de perdre le contrôle de
leur société, dont le cours de bourse n'évoluait
guère depuis trois ans. Elles se retrouveront avec
12.1% du capital de la nouvelle société, mais
avec des meilleures perspectives pour leur placement.
Le nouveau groupe en chiffres.
Le groupe Schneider Legrand réalisera 12.2 milliards
d'Euros (9.4 milliards d'Euros pour Schneider et 2.8 milliards
pour Legrand). Il affichera un résultat net de 840
millions d'Euros (610 millions pour Schneider et 230 millions
pour Legrand).
La capitalisation boursière du groupe atteindra environ
17 milliards d'Euros. Sa capitalisation permet au groupe
d'envisager sa cotation à Wall Street. De plus, sa
taille boursière lui permet de constituer une proie
moins accessible pour ces différents concurrents.
Le chiffre d'affaires se répartit de façon
plus équilibré sur les différents marchés
où le groupe est présent : 37% en Europe,
20% en France, 29% en Amérique du Nord, et 14% dans
le reste du monde.
Deux médailles d'or, une d'argent.
Le nouveau groupe sera leader mondial dans les automatismes
industriels, où il réalisera 24% de son CA
et dans le matériel électrique basse tension,
avec 62% du CA (dont 22% dans l'ultraterminal). La société
sera numéro 2 mondial dans la moyenne tension (14%
du CA).
Les synergies opérationnelles attendues s'élèvent
à 414 millions d'Euros sur trois ans (40 millions
en 2001, 164 en 2002 et 210 en 2003). Cependant le rapprochement
ne sera relutif qu'à partir de 2003, bien tard pour
nombre d'investisseurs qui ont sanctionné l'action
Schneider à la reprise des cotations.
Raisons du rapprochement.
Les deux entreprises devaient tôt ou tard se rapprocher
ou être racheté par un de leurs concurrents.
Ainsi la fusion apparaissait comme la meilleure des défenses
face à une OPA hostile.
Les deux sociétés affichent une complémentarité
géographique et de leurs produits.
La nouvelle société, ayant atteint une taille
critique, sera l'une des seules à pouvoir proposer
une gamme de produits si étendue. Devenue acteur
mondial, elle pourra ainsi faire jeu égal avec des
multinationales comme ABB, General Electric, Siemens ou
Emerson.
La taille et les résultats du groupe lui permettront
de financer sa croissance externe et d'acheter des sociétés
de plus importantes.
De plus, le rapprochement des deux sociétés
met fin à leur compétition. La surenchère
entre les deux groupes pour le spécialiste américain
du câblage, Wiremold, avait obligé Legrand
a déboursé 770 millions de dollars, équivalent
à 23 fois les bénéfices de la société
achetée.
Perspectives.
L'accord de Bruxelles est attendu à la fin du mois
de juin. Après cet accord, le groupe pourra s'occuper
de son développement dans le secteur des automatismes
du bâtiment, sur les marchés de la domotique,
des systèmes de commandes à distance des appareils
de l'automatisation par le Web
Il pourra aussi continuer
son développement mondial en Allemagne et en Asie.
Nous venons d'assister à l'une des opérations
qui marquera l'année 2000. Ce rapprochement démontre
que les sociétés détenues par les familles
fondatrices sont prêtent à perdre leur majorité
pour assurer la pérennité de leur entreprise.
Une fusion amicale contre une perte de contrôle est
bien meilleure qu'un rachat hostile par une entreprise concurrente.
Les conflits franco-français sont dépassés,
les entreprises doivent en effet s'adapter au marché
mondial.
Richelieu Finance : Alain
Crouzat,
gérant du fonds international.
Tél. : 01.42.89.00.00.
www.richelieufinance.fr
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