i l'Histoire nous a souvent démontré que l'on n'a rien sans rien, Internet
se charge régulièrement de nous rappeler à l'ordre et de nous le prouver
aussi. Et au travers de quelques cas concrets, nous démontre également que
l'une des pires erreurs que vous puissiez commettre serait de sous-évaluer les
ressources techniques dont vous avez besoin pour assurer le bon fonctionnement
de votre site.
La bande passante
Vous viendrait-il à l'idée de rouler à 200 km/h avec votre voiture dans
une impasse ? Bien sûr que non. Sur Internet, ce n'est pas différent. Si
la bande passante de votre hébergeur est sous-dimensionnée, et pour peu que
votre site commence à fidéliser ses visiteurs, le système risque fort de
montrer très vite ses limites. Effet en cascade en pareils cas, vous
ralentissez non seulement tous les sites branchés sur les mêmes raccordements,
mais aussi votre propre site ! Et de plus, si votre hébergeur ne propose
pas de solution "trafic illimité", vous risquez de vous retrouver
avec la mauvaise surprise d'une facture bien salée.
Solutions proposées :
- Ne publiez jamais un site sans avoir réduit la taille de vos fichiers au
strict minimum (pages HTML optimisées, images compressées au meilleur
rapport qualité-poids). De nombreux éditeurs HTML, notamment, ont en effet
la fâcheuse hâbitude d'alourdir les pages : rajout d'espaces avant
les balises, insertion automatique de tags inutiles, etc. Vous pouvez
conserver certains de ces éléments (notamment les espaces, bien pratiques
pour mieux visualiser les niveaux d'arborescence des tags), mais une fois
votre site achevé, supprimez-les. Idem pour les retours chariots : bon
nombre d'éditeurs en génèrent un à chaque tag. Ce n'est vraiment pas
indispensable de les garder !
- Comparez également le poids d'une image au format JPEG avec l'équivalent
en GIF. Pour ce dernier format, comparez le résultat en 256 couleurs et en
16 couleurs. Egalement, pensez qu'en attribuant à l'image une couleur
d'avant-plan (généralement la plus utilisée) et une couleur
d'arrière-plan (la seconde la plus utilisée), ainsi qu'une troisième
valeur pour la couleur de transparence s'il y a lieu, vous gagnerez beaucoup
en poids d'image.
- Solution la plus radicale, choisissez bien votre hébergeur !
Certains revendiquent de plus de 100.000 sites hébergés... sur une bande
passante proportionnellement ridicule, laissant une bande passante d'à
peine plus de 1 Kbps disponible en moyenne pour chacun. D'autres, et pas
forcément les plus gros, privilégient les ressources et n'hésitent pas à
surdimensionner celles-ci pour anticiper sur les besoins à venir. De loin,
et à moins d'espérer que votre site ne soit presque pas visité (!), c'est
ce second type d'hébergeur que vous devriez choisir.
Les CGI et les bases de données
En septembre 1998, le plus gros sex-shop en ligne de France (Boutik7,
pour ne pas le nommer) s'est retrouvé inopérant. Le trafic sur le site était
tel que le script CGI destiné à gérer les caddies virtuels monopolisait le
processeur de la machine. L'hébergeur a donc désactivé le script, et la
boutique a dû déménager vers une infrastructure plus adaptée.
Quelques semaines plus tard, c'est le tour d'Aujourdhui.com.
Même problème : le succès est énorme, et la machine est mise à mal par les
scripts qui gèrent l'affichage des messages publicitaires. Scénario
identique : script désactivé par l'hébergeur, obligation de recourir à
une montée en puissance.
Un an plus tard, début septembre 1999, ASP-FR
vient tout juste d'ouvrir. Portail ASP en français, le site connaît un succès
immédiat. Tellement immédiat que la base Access sur laquelle il repose crie
"pitié" plusieurs fois dans la journée, et ce dès le premier jour
d'ouverture ! En quelques heures, le webmaster et hébergeur fait migrer
ASP-FR vers SQL Server afin d'atteindre un niveau de puissance suffisant.
L'équipe ASP-FR s'était simplement laissé prendre de vitesse par un succès
beaucoup plus immédiat qu'elle n'aurait pu le supposer.
Solutions proposées :
- Il suffit d'observer les technologies employées par les sites à fort
trafic. Des sites à succès comme PageFrance,
Hit-Parade, Aucland
ou Jeuxvideo.com utilisent des
machines dédiées, parfois même plusieurs machines pour un seul site. Dès
que le trafic de votre site commence à monter, songez de suite à oublier
votre super formule d'hébergement US à 12.95 $ par mois.
- Limitez, autant que faire se peut, les accès aux scripts CGI. Ceux-ci
sont généralement assez "invasifs", et bon nombre de serveurs
n'en supportent qu'un usage modéré. N'oubliez jamais que, contrairement à
une image par exemple, un script CGI ne se place pas dans le cache de votre
navigateur. Il est donc rappelé à chaque chargement d'une page où il se
trouve.
- En ce qui concerne les bases de données, soit vous recourez d'office à
des solutions solides (SQL Server, Oracle, etc.), soit vous truchez pour
limiter au mieux les accès (lecture et/ou écriture) à vos bases. Un
formulaire en ASP sur plusieurs pages, par exemple, pourra aisément être
traité à l'aide des variables de sessions.
- En tout état de cause, prenez bien conscience qu'un hébergement partagé
(c'est-à-dire quand votre site cohabite avec d'autres sur une seule et
même machine) ne sera adapté qu'à une phase de démarrage. Pensez-donc
"évolutif" lorsque vous concevez et administrez un nouveau site.
On n'insistera jamais assez sur les fâcheuses conséquences provoquées par
une sous-évaluation des ressources. Un site lent invite le visiteur à partir
et à ne jamais revenir. Un script de bannières publicitaires désactivé peut
très vite se traduire par une perte de milliers de francs. Idem pour une
boutique en ligne... Comme dans le "monde réel", les petites
économies sur Internet coûtent souvent très cher.
Jean Lançon,
http://www.mjpresse.com
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