uite aux promesses de sa campagne électorale,
George W. Bush a donc fais parvenir son projet de réforme
fiscale au Congrès le 8 février 2001. Après
l'avoir présenté devant les Américains
le 5 février, le projet est maintenant soumis à
l'approbation des répresentants. Le Congrès
devrait logiquement approuver ce plan. Les démocrates
critiquent pourtant le caractère inégalitaire
de la réforme mais ils sont conscients que l'économie
américaine a besoin d'être relancée.
Le
plan fiscal prévoit une baisse des impôts de
1600 milliards de dollars (1700 milliards d'euros) soit
un montant supérieur au PIB annuel de la France!
Ce plan porte sur une durée de 10 ans et ne devrait
pas creuser les déficits selon l'administration Bush.
Alan Greenspan, un temps réticent au projet, soutient
la réforme à présent. Il aurait préféré
que les excédents budgétaires servent à
éponger les déficits publics. Deux éléments
l'ont apparemment fait changer d'avis.
En premier lieu, la situation économique américaine
actuelle n'est pas bonne, Mr Greenspan a affirmé
que la croissance pour le premier trimestre 2001 serait
proche de 0%. Ce constat pousse les dirigeants américains
à donner un " coup de fouet à l'économie
".
Ensuite devant l'ampleur des excédents budgétaires,
il est apparu que ceux-ci couvraient largement les deux
objectifs (plan fiscal et réduction de la dette publique).
Selon les dernières estimations, ceux-ci devraient
atteindre 5610 milliards de dollards sur 10 ans dont 2500
serviraient à financer les retraites et réduire
la dette publique. Les 3000 milliards restant financeront
donc la baisse des impôts.
En ce qui concerne les modalités d'application, George
W. Bush insiste auprès du Congrès pour que
la réforme fiscale soit rétroactive au 1er
janvier 2001.
La principale mesure porte sur une baisse drastique de l'impôt
sur le revenu : nombre de tranches ramenées à
4 contre 5 actuellement (suppression de la tranche supérieure),
baisse des taux d'imposition de chaque tranche (de 50% à
10% selon les tranches). Le coût de ce volet du plan
est estimé à 727 milliards de dollars.
L'administration Bush veut également diminuer l'impôt
sur les successions avant une suppression totale de cet
impôt pour 2006.
Au programme de la réforme figure également
des crédits d'impôts supplémentaires
pour les couples ayant des enfants et pour les dons aux
organisations caritatives. Ce dernier point fait d'ailleurs
l'objet d'une controverse aux Etats-Unis car par ce biais,
l'administration Bush veut privilégier les uvres
caritatives à caractère religieux.
Enfin un des volets importants de la réforme porte
sur un encouragement aux entreprises à engager des
dépenses de Recherche&Développement.
Certains leaders républicains voudraient aller plus
loin dans la réforme. Ils souhaiteraient notamment
que les grands oubliés de ce plan, les entreprises,
soient incluses dans la réforme. Les milieux d'affaires
réclament notamment une réduction de l'impôt
sur les bénéfices ou des incitations fiscales
à l'investissement. Certains demandent également
que les grandes entreprises travaillant à l'international
ne soient imposées que sur les profits réalisés
sur le territoire national.
Ce plan pose tout de même un problème au niveau
du financement. On ne connaît pas exactement ce que
va être la situation économique aux Etats-Unis
à trois mois. Et pourtant, les estimations sur les
excédents budgétaires portent sur dix ans.
On peut donc douter de la pertinence de ces chiffres. Or,
toute l'architecture de la réforme fiscale porte
sur ce point précis. Les économistes de la
Fed pensent que ce plan va relancer l'économie et
faire repartir la croissance. Des incertitudes persistent
donc.
D'autant qu'il y a un risque de voir le dollar baisser dans
les prochains mois en raison de l'absence de croissance.
Dans ce cas-là, Mr Greenspan serait obligé
de remonter les taux d'intérêts pour contrer
les poussées inflationnistes. Le dollar fort servait
de rempart à la hausse des prix importés.
Cette remontée des taux pourrait plonger l'économie
américaine dans une récession plus grave encore.
Une telle situation n'est pas un scénario catastrophe
et peut réellement se produire. Dans une telle configuration,
il serait difficile à l'Etat Fédéral
de dégager des surplus budgétaires en ligne
avec les estimations actuelles.
Enfin, il convient de rappeler que Ronald Reagan avait beaucoup
baissé les impôts en 1981. Ce plan fiscal se
traduisit par une hausse de la dette publique de 4000 milliards
de dollars que les américains paient toujours.
Richelieu
Finance : Fabrice
LEFEVRE SORY
Chargé du développement stratégique
Tél.
: 01.42.89.00.00.
www.richelieufinance.fr
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