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sur l'année 1999. Il y a un an, le prix du baril de pétrole était
à un niveau historiquement bas : 10 US $ le baril. Aujourd'hui, il atteint
plus de 34 US $ le baril. Le prix du baril a ainsi été multiplié
par plus de trois. De nombreux secteurs sont affectés directement ou indirectement
par cette hausse du prix du pétrole. A cela s'ajoute la variation du taux
de change entre l'Euro et le Dollar américain qui amplifie le phénomène.
La chute
du prix du baril en 1999 était, pour partie, due à une surproduction
(augmentation des quotas en 1997 pour les pays de l'OPEP et à un ralentissement
de la demande (crises asiatique et dans les pays émergents et l'hiver 1997-1998
clément).
Cette année, la hausse provient de facteurs contraires à ceux de
l'année précédente. Le premier est la diminution de la production
de pétrole par les pays de l'OPEP, respectant ainsi les accords de quotas
qu'ils s'étaient fixés. Le second est l'augmentation de la consommation
de pétrole comme conséquence de la croissance économique
mondial.
Enfin, le dernier de ces facteurs est lié à de nouvelles normes
environnementales appliquées aux Etats-Unis. En effet, depuis le premier
semestre 2000, l'usage d'un additif, utilisé dans les carburants, est interdit.
Ainsi les compagnies pétrolières ont dû réduire leurs
stocks d'essence pure pour ravitailler les stations-service.
Les conséquences liées à cette hausse du prix du Brent sont
nombreux (économiques, géopolitiques, industrielles
). Tous
les pays et une partie des entreprises sont ou seront affectés par cette
hausse. Certains pays producteurs de pétrole verront leurs recettes fortement
augmenter. Ils pourront par exemple accélérer leurs dépenses,
rembourser leurs dettes
Certains de ces pays exportateurs de pétrole
avaient été durement touchés par les crises économiques
de ces dernières années. De l'autre côté, les pays
gros consommateurs d'énergie, comme les Etats-Unis, le Japon ou les pays
européens souffrent de la hausse du prix du pétrole. En effet, cette
hausse affecte leur croissance économique, entravant la reprise en Europe,
permettant à l'économie américaine de ralentir. Ainsi par
exemple, la France a vu son excédent commercial fortement baisser au S1
2000 suite à la hausse de la facture pétrolière.
Les premières
entreprises bénéficiaires de la hausse du prix du pétrole
sont évidemment celles des secteurs pétrolier et para-pétrolier.
Ainsi les valeurs comme Technip, Géophysique ou Bouygues Offshore par exemple
ont pu annoncer, soit une hausse importante de leurs bénéfices,
soit une diminution conséquente de leurs pertes. Le prix élevé
du pétrole permet l'exploitation de réserves pétrolières
dont le prix de revient est plus important. De son côté, le géant
pétrolier français, Total Fina Elf, a annoncé le 6 septembre
une forte augmentation de ces résultats. Ainsi son résultat net,
part du groupe, pour le S1 2000 (hors éléments non-récurrents)
a atteint 3.4 M d'Euros (22.3 M de FF), un montant comparable au résultat
net de l'année 1999 en totalité, soit 3.35 M d'Euros (près
de 22 M de FF). Les entreprises, qui devraient aussi profiter indirectement de
la hausse du prix du pétrole, sont celles exploitant des ressources énergétiques
autres. En effet, l'exploitation de ces ressources devient plus attractive. Comme
énergie de substitution de l'essence, nous pouvons citer le gaz ou l'électricité.
Les entreprises commercialisant des produits permettant une économie d'énergie
profiteront peut-être, elles aussi, de la hausse du prix du pétrole.
Cela pourrait par exemple être le cas de Michelin avec son pneu économiseur
d'énergie.
Les premiers
secteurs touchés par la hausse du pétrole sont ceux utilisant comme
source d'énergie les produits pétroliers, c'est-à-dire les
transporteurs routiers et aériens. Le poste carburant d'Air France représentait
près de 10 % du CA 1999/2000. D'autres secteurs gros consommateurs d'énergie
pourraient être affectés par la hausse du prix du pétrole
: les cimentiers, la sidérurgie ou le secteur de la chimie. Les sociétés
comme Ciments Français, Rhodia ou Usinor appartiennent à ces secteurs.
De plus, les produits pétroliers sont aussi utilisés comme matières
premières par certains secteurs. Ainsi les entreprises fabriquant des produits
plastiques, par exemple Plastic Omnium ou le groupe Guillin pourraient souffrir
de cette hausse.
Dimanche
10 septembre, les pays membres de l'OPEP se réunissent à Vienne,
en Autriche pour décider d'une éventuelle augmentation de leur production.
La problématique autour du prix du pétrole reste posée. Trop
nombreuses sont les influences économiques et politiques sur l'établissement
d'un juste prix. Néanmoins, compte tenu des capacités de production
mondiales, quelles soient latentes ou existantes, la valeur économique
de cette matière s'établit bien en dessous du prix actuel.
Un prix par trop élevé entraînerait nécessairement
la mise en place de nouvelles capacités de production, ce qui serait, à
terme, particulièrement préjudiciable pour les principaux producteurs.
Ceux-ci, et plus particulièrement les membres de l'OPEP, ont par conséquent
tout intérêt à calmer le jeu au plus vite.
François
Escoffier / Richelieu Finance
Analyste
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Tel : 01 42 89 00 00
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