es principes de base du permission marketing (notamment énoncés
par Godin : "privilégier des propositions ciblées
auprès d'une population ciblée et consentante"
Voir http://www.journaldumail.com/contenu/permissionmarketing.shtml)
n'ont absolument rien d'une nouvelle théorie marketing.
Au contraire, il s'agit de techniques vieilles comme le monde
et elles sont exploitées depuis fort longtemps pour vendre
et fidéliser.
Pour
la petite histoire, c'est Kurt Lewin (1947) qui, pour la première
fois, mit en évidence de façon expérimentale
les effets puissants de la prise de décision. Celui-ci
s'attache à comparer deux stratégies d'influence
auprès d'une population de ménagères américaines.
L'objectif final est de conduire celles-ci à consommer
une certaine catégorie de denrées alimentaires qui
ne correspond pas à leur mode de consommation habituel.
Une première stratégie de Lewin (groupe expérimental
1) consiste à persuader les ménagères de
manière classique en invitant celles-ci à suivre,
sous forme de conférences, une réunion de promotion
portant sur les denrées en question. J'appelle ça
une technique persuasive fondée sur la rhétorique
et la persuasion. Cela correspond en fait au message publicitaire
classique, ce que Godin appelle le "marketing interruptif".
Dans un second groupe expérimental (groupe 2), on réunit
également un groupe de ménagères mais cette
fois, plutôt que de tenter de les persuader par des spots
et autres propagandes, on les amène à venter librement
les bienfaits de ces mêmes aliments qu'elles rechignent
habituellement à consommer dans le cadre d'un travail de
groupe. Bref, on fait en sorte qu'elles s'impliquent de leur plein
gré de manière à ce qu'elles découvrent
ce nouveau mode de consommation.
Les résultats montrent que pour convaincre les ménagères,
cette dernière stratégie de communication (induire
une implication librement consentie) est largement plus efficace
que la persuasion classique utilisée auprès du groupe
1.
Cela signifie simplement qu'impliquer les gens avec leur libre
consentement est autrement plus puissant que le discours persuasif
d'une publicité. Comme quoi, les grandes inventions ne
sont pas si fréquentes que ça ! Elles sont reprises,
remises à l'ordre du jour, mais rien de neuf ici. Tupperware
exploite depuis bien longtemps ce permission marketing à
travers ses méthodes de ventes : par cooptation et connaissances,
les ménagères s'invitent, se réunissent,
et il s'agit bien là aussi de transformer de façon
habile des étrangers en amis et des amis en consommateurs.
Désormais, grâce à l'Interactivité
de l'Internet et à l'email en particulier, il est possible
d'user de ce stratagème à grande échelle.
Voila pourquoi nous n'avons sans doute pas fini d'entendre parler
du marketing de la permission...
Claude
Palanque
http://www.journaldumail.com
|