près sa première journée de cotation,
l'action Orange a fini sous sa valeur d'introduction, en
repli de 1,1%, alors que l'offre avait été
2,5 fois souscrite. Après une semaine de cotation,
la valeur affiche une perte de presque 6%. Cet accueil mitigé
réservé au pôle téléphonie
mobile de France Télécom est un nouvel exemple
de la défiance actuelle des investisseurs en ce qui
concerne les valeurs télécoms. Toutefois,
on ne peut attribuer le demi-échec de cette introduction
au dégonflement de la bulle spéculative autour
des valeurs du secteur. Certaines des modalités de
l'offre y ont contribué.
France Télécom a acquis Orange, premier opérateur
mobile en Grande-Bretagne, en mai 2000 pour 50 milliards
d'euros. L'opérateur historique a non seulement acheté
une société performante mais surtout une marque
qu'elle a choisi pour commercialiser ses activités
mobiles dans toute l'Europe. Le nouveau groupe revendique
ainsi 30 millions de clients en Europe et dans le reste
du monde, à travers ses filiales Itineris, Orange
UK, Mobistar en Belgique et Wind en Italie. La société
possède également 28,5% de l'opérateur
allemand MobilCom.
Plusieurs raisons expliquent l'échec de cette introduction.
Tout d'abord, les surenchères des licences UMTS ont
effrayé plusieurs investisseurs. De nombreux analystes
s'interrogent sur la nécessité absolue de
détenir ces fameuses licences à des prix élevés.
Il se pourrait bien que les bénéfices retirés
de cette nouvelle technologie ne compensent pas le fort
endettement qu'implique leur acquisition. Les désistements
de Suez-Lyonnaise et de Bouygues dans la course à
lUMTS sont venus étayer cette hypothèse. Plus
généralement, le marché s'interroge
sur le potentiel de croissance de la téléphonie
mobile et surtout sur les niveaux d'endettements des opérateurs
télécoms européens.
Mais les conditions de marché n'expliquent pas tout.
L'opération d'introduction et ses modalités
expliquent en partie cette défiance. Tout d'abord,
France Télécom a dû réviser sa
fourchette d'introduction fin janvier sous la pression des
investisseurs. Au final, l'offre a valorisé Orange
à 46,8 milliards d'euros soit 2 à 3 fois moins
que ce qu'attendait la direction en mai 2000.
Ensuite, l'opérateur historique a émis dans
le même temps des obligations convertibles en action
Orange, permettant aux " Hedge Funds " d'obtenir
à moindre prix des titres Orange. En effet, l'obligation,
de maturité 2 ans, offrait une prime de 27% par rapport
au prix proposé aux institutionnels couplée
à un coupon de 2,5%. Les fonds spéculatifs
ont donc vendu leurs actions Orange pour couvrir leurs achats
d'obligations.
Enfin, les raisons de l'introduction d'Orange n'étaient
pas stratégiques. Cette opération était
avant tout destiné à financer le rachat d'une
partie des 9,9% du capital de France Télécom
que détient toujours Vodafone. Mais, le résultat
de l'émission devrait rapporter 9 milliards d'euros
à l'opérateur français tandis qu'il
devra débourser 7 milliards pour récupérer
ses titres auprès du groupe anglais.
Même si son introduction a été ratée,
Orange reste quand même une valeur attractive et un
challenger Vodafone, numéro un européen. L'image
de marque de la société est très bonne,
et différentes acquisitions en Europe lui ont permis
de bâtir un bon réseau d'opérateurs.
Face à Orange et Vodafone, la stratégie des
autres opérateurs européens semblent être
un peu floue. BT Cellnet, filiale de British Telecom, s'est
liée les mains en prenant de nombreuses participations
minoritaires sans pour autant maîtriser le management.
La stratégie européenne de Deutsch Telekom
se fait plus floue après l'acquisition de l'Américain
VoiceStream et Moody's vient de dégrader la dette
senior de KPN.
Richelieu
Finance : Fabrice
LEFEVRE SORY
Chargé du développement stratégique
Tél.
: 01.42.89.00.00.
www.richelieufinance.fr
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