près un premier semestre 2000 riche en introductions de toutes sortes, le marché boursier français semble désormais souffrir d'un manque flagrant de liquidités pour les nouveaux entrants. Dans un marché boursier assez indécis, la liste des reports ne cesse de s'allonger depuis le début du mois de juillet. Or, ce ne sont pas seulement les petites valeurs qui se voient, de fait, refuser l'accès à la cote, mais les " block-busters " éprouvent aussi de fortes difficultés à s'introduire. Il n'est pas rare aussi que certaines sociétés se voient refuser au tout dernier moment le visa de la COB.
L'introduction récente d'EADS, le 10 juillet dernier, a parfaitement illustré le phénomène qui a atteint l'ensemble du marché boursier. En effet, le nouveau numéro trois mondial de l'aéronautique et de la défense s'est vu réserver un accueil plutôt glacial de la part des investisseurs. A sa première cotation à Paris, le cours d'EADS a cédé 2,78% pour atteindre le niveau des 17,5 euros. S'il est un peu tôt pour préjuger de l'avenir de ce nouveau géant aéronautique qui devrait voir sa croissance tirée par celle d'Airbus, la performance demeure tout de même décevante. Cependant, pour Philippe Camus, le dirigeant français du nouvel ensemble, le regain des investisseurs pour le titre se manifestera bientôt et " l'action EADS a un potentiel de hausse ". En outre, même si l'Etat français a cédé une fraction de sa participation dans la société, le fait qu'il détienne encore 15% du capital semble repousser les investisseurs anglo-saxons.
Le placement de Vivendi Environnement s'avère également laborieux. Dans un premier temps, le groupe faisait savoir que l'offre primaire d'actions serait ramenée à 3 milliards d'euros et qu'il reportait l'opération de 24 heures. Finalement, la première cotation sur le règlement mensuel a été repoussée au 20 juillet (alors qu'elle était initialement prévue le 12 juillet), tandis que le prix de la fourchette a été abaissé de 36-41 euros à 33-36 euros, ramenant ainsi le montant de l'augmentation de capital par émission d'actions nouvelles à 2,5 milliards d'euros. Ces reports successifs sont dûs aux inquiétudes quant au contexte global. Plusieurs paramètres entravent en effet le succès complet de l'opération. D'une part, Vivendi Environnement est très endetté : avant l'augmentation de capital, le gearing (rapport des dettes / fonds propres) atteignait 900%. Après l'opération, son niveau devrait se réduire à 180%, sans pour autant satisfaire les analystes, encore nettement sceptiques. D'autre part, la demande massive de conversion des Oceane (obligation convertible et/ou échangeable en actions nouvelles ou existantes) qui a dépassé le nombre mis à disposition (le montant prévu pour la conversion des Oceane est de 1,6 milliard d'euros), pourrait provoquer la baisse du titre. D'après les responsables du groupe, " le nombre plus important de titres Vivendi Environnement ainsi créés risquait de diluer, en dessous de 70%, la participation de Vivendi dans Vivendi Environnement ".En effet, les porteurs d'Oceane bénéficiant d'un prix inférieur de 5% grâce à la conversion auraient intérêt à vendre leurs titres au prix coté plus élevé. Vivendi a donc dû se porter acquéreur d'actions Vivendi Environnement afin de soutenir le cours du titre. Pour Jean-Marie Messier " in fine, la part du capital de Vivendi Environnement dans le public sera toutefois conforme à nos prévisions ".
Enfin, Vivendi Environnement a récupéré une partie importante de l'endettement du groupe Vivendi, qui assainit ainsi sa nouvelle structure de communication. Les activités traditionnellement " vache à lait " d'eau, de propreté, d'énergie et de transports seront temporairement affectées par ce transfert de dettes. Si les rumeurs de désengagement de Jean-Marie Messier de la tête de cette structure se confirment, le cours du titre pourrait bien en souffrir significativement.
Le contexte général apparaît donc comme peu propice aux nouveaux entrants, d'autant que le nombre d'introductions ainsi que leurs montants tendent à saturer le marché. Au même moment se positionnent EADS, Vivendi Environnement et Wanadoo (qui, contrairement à ses consurs, a bénéficié d'une forte demande). Si l'on ajoute à cela les déconvenues subies par les actionnaires individuels lors des mois derniers, l'arrivée de sociétés de type Keyrus Progiware ou AB Group n'est plus opportune. A titre d'exemple, sur les 71 sociétés nouvellement cotées à Paris au cours des six derniers mois, seules un tiers d'entre elles se situe au-dessus de leur prix d'offre et de leur premier cours coté. En outre, les taux de souscription particulièrement bas des dernières opérations confirment les distances prises par les investisseurs vis-à-vis de la Net Economie. Contrairement au début de l'année, ces valeurs ne verront plus leurs cours dopés artificiellement lors des premières séances de cotation. En réalité, ce phénomène est simplement la conséquence d'un retour à une sélectivité drastique de la part des opérateurs. Les sociétés présentant de réels potentiels d'appréciation font l'objet de placements réussis. A titre d'exemples, nous pouvons citer le cas d'Oberthur (nº2 mondial des cartes à puce), qui affiche une performance de +30% en deux séances et, sur le nouveau marché, de Riber (semi-conducteurs) et de Highwave Optical (fibres optiques), dont les cours ont été respectivement multipliés par deux et trois en moins d'un mois de cotation.
Nathalie
PELRAS / Richelieu Finance
Gérante du FCP TECH NET
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