l'heure ou les entreprises souhaitent se lancer sur Internet, d'un point
de vue juridique notamment, il est nécessaire d'avoir connaissance des
formalités à respecter et des dangers liés au dépôt
de ou des noms de domaines.
I/
LES MODALITES DE DEPOT DES NOMS DE DOMAINES
On ne
dira jamais suffisamment, l'urgence pour l'entreprise de réserver son ou
ses noms de domaines. Le nom de domaine permet d'identifier et de localiser facilement
l'entreprise sur internet.
Deux possibilités
s'offrent à l'entreprise, l'on peut souhaiter prolonger sur internet son
activité commerciale " terrestre " en faisant état de
sa dénomination et en réservant les noms de domaines correspondants
ou bien prendre le parti de choisir pour son site un nouveau nom de domaine qui
deviendra le nom commercial de l'entreprise.
Dans tous
les cas, il convient d'être extrèmement vigilant pour procéder
sans délai à l'enregistrement de ses noms de domaines sur internet
afin d'obtenir une protection.
Il est
cependant indispensable avant l'enregistrement du nom de domaine de faire une
recherche de disponibilité dudit nom auprès des organismes publics
( INPI , Registre du commerce, Registre des marques, des dénominations
sociales) afin d'éviter tout risque de contrefaçon.
Nous retiendrons
deux possibilités d'enregisterment ici, le " .com " et le "
.fr ".
L'enregistrement
en .com, .net, .org ou la procédure du " premier arrivé, premier
servi "
La procédure
d'enregistrement des " .com " s'effectue directement on line. La société
peut contacter le NSI ( Network Solution ) qui délivre ces noms de domaine
par e-mail : hotmaster@internic.net ou en allant directement sur son site : http://rs.internic.net.
Après avoir décliné son identité, choisi un nom de
domaine, et régler par carte bancaire, la société recevra
confirmation de l'enregistrement de ce nom dans sa base de données si celui-ci
n'est pas déjà utilisé. De plus, il existe aujourd'hui plus
d'une centaine d'organismes agréés par l'ICANN1
, qui sont habilités à enregistrer des noms de domaine.
Le coût
d'un enregistrement de nom de domaine en " .com " est en principe de
100 $ pour 2 ans puis de 50 $ par année supplémentaire. Le NSI précise
que cet enregistrement ne confère aucun droit légal sur le nom déposé.
Tout conflit relatif à ce nom devra être réglé entre
les parties par les voies normales du droit ou par le système de médiation
de l'ICANN qui règle en ligne depuis janvier 2000 les plaintes sur l'appropriation
des noms de domaines.
L'enregistrement
en " .fr "
Cet enregistrement se fait auprès de l'AFNIC2 :
http://www.nic.fr. Mais la société désireuse d'enregistrer
un nom de domaine devra passer par un fournisseur d'accès habilité
par l'AFNIC. Elle remplira un formulaire de demande d'enregistrement de domaine
Internet en " .fr " et l'adressera à son fournisseur d'accès.
Celui-ci y apposera son cachet et sa signature puis l'enverra à l'AFNIC.
Contrairement à la procédure du NSI, où seule l'absence de
dépôt d'un même nom conditionne l'enregistrement, la procédure
française est soumise à un certain nombre de conditions.
Dans un
premier temps, l'AFNIC va s'attacher à vérifier l'absence de préexistence
du nom de domaine.
Même
si dans la Charte de nommage, il est précisé que l'AFNIC n'effectue
aucune recherche d'antériorité de nom, l'organisme devra tout de
même vérifier que le nom n'est pas déjà occupé
afin de faire jouer la règle du " premier arrivé, premier servi
". Ici aussi, donc, l'enregistrement est subordonné, notamment, au
principe de l'antériorité. Si un même nom de domaine existe
déjà, la demande ne pourra pas être acceptée.
De plus,
même si cette demande concerne une activité différente de
celle sous laquelle le nom est enregistré, la demande ne pourra pas non
plus être acceptée. Contrairement au droit des marques, la procédure
de nommage n'admet pas le principe de spécialité. Ainsi, l'utilisation
d'un nom de domaine par une entreprise implique l'indisponibilité de ce
nom dans tous les secteurs d'activité.
Dans un
second temps, l'AFNIC va examiner la conformité du nom aux conditions établies
par la Charte de nommage Internet en France. Le nom de domaine choisi doit avoir
un lien avec le demandeur : il peut s'agir du nom de l'organisme déposant,
de son sigle, d'une marque enregistrée en son nom et suivie des initiales
" tm ". Le nom de domaine ne doit pas correspondre à un nom géographique
; ils sont réservés et ne peuvent pas être affectés.
Les sociétés
doivent fournir un extrait de Kbis et un numéro de Siret. Les marques désirant
être enregistrées en tm.fr doivent fournir leur certificat d'enregistrement
à l'INPI ou le récépissé du dépôt. Il
est conseillé que le nom soit compris entre 3 et 12 caractères.
Une fois la demande acceptée par l'AFNIC, le prestataire de services doit
adresser une demande d'installation de domaine à l'AFNIC. Cette demande
doit se faire par écrit et doit être envoyée par courrier.
Un délai de 48 heures est nécessaire pour que le nom de domaine
soit mis en place dans la zone " .fr ".
Le nom
attribué reste la propriété de la personne qui en a fait
la demande et non pas du prestataire qui n'est qu'un intermédiaire. Le
coût de l'enregistrement d'un nom de domaine est de 300 ou 900 Francs, en
fonction du statut du prestataire qui va jouer le rôle d'intermédiaire.
Enfin,
dans tous les cas de dépôt d'un ou de plusieurs noms de domaines,
il est conseillé de déposer parallèlement le ou les marques
nationales ou internationales qui auront pour fonction de protéger le ou
les noms de domaines dans les pays ou il sera utilisé dans les classes
correspondantes et principalement 9,35,38,41, 42
II/
LES MODALITES DE PROTECTION DES NOMS DE DOMAINES
Internet,
en tant que nouveau media rapide, facile d'accès, peu coûteux, est
capable de drainer une importante clientèle et à ce titre fait l'objet
de toutes les attentions de la part des entreprises et de toutes les convoitises
de la part d'une poignée d'opportunistes qui y voient un moyen de profiter
de la notoriété de certaines entreprises et d'en tirer un profit
financier évident.
Les noms
de domaine sont devenus un véritable enjeu pour Internet.
Le nom
de domaine, avant d'être au centre de toutes les convoitises, est l'élément
qui permet d'identifier un site et de nous y conduire. Il s'agit de l'adresse
électronique d'une entreprise sur Internet. Evidemment, plus l'adresse
sera facile à retenir, plus le site sera visité. Les entreprises
cherchent donc à nommer leur site de la façon la plus simple possible
et la plus proche de leur dénomination sociale, leur marque ou du signe
auquel sont habitués leurs clients.
L'émergence
d'un marché des noms de domaine
En même temps, certains signes bénéficient d'un tel impact
qu'ils sont absolument nécessaires à l'entreprise qui les a créés.
Mais cela ne va pas forcément de soi : la titularité d'une marque
dans le monde réel n'implique pas la titularité du même nom
de domaine dans le monde virtuel. En effet, pour détenir un nom de domaine
il faut le déposer auprès d'organismes internationaux (le NSI) ou
nationaux (l'Afnic) qui vont l'enregistrer. Mais si au niveau national un certain
nombre de garanties sont demandées quant à la titularité
du nom revendiqué, en revanche, au niveau international, seule s'applique
la règle du " premier arrivé, premier servi ".
C'est ainsi que de nombreuses entreprises ont vu leur nom usurpé par des
personnes étrangères à l'entreprise. L'adresse " mcdonalds.com
" avait été déposée à l'origine par un
journaliste américain du magazine " Wired ". Un véritable
business s'est développé autour des noms de domaine et certains
sites se sont même spécialisés dans leur revente : greatdomains.com,
thewordbank.com
Le développement
des conflits
Mais certains, en plus de déposer des noms de domaine usurpés, ont
créé des sites sous ce nom. Ces sites n'avaient rien à voir
avec l'activité du titulaire de la marque voire lui portait préjudice.
Une longue bataille juridique s'est engagée entre les réels titulaires
de marques ou de dénomination sociale et les usurpateurs.
Certains
sites ont vu leur nom de domaine imité (www.amazon.com3
c/ amason.com, amazone.com...), détourné (www.loreal-paris.com parasité
par lorealparis.com4).
Le rétablissement
de l'ordre juridique
Il ne faut pas hésiter à attaquer en Justice tout cybersquatteur
qui se serait volontairement approprier en noms de domaines, vos marques, noms
commerciaux, noms patronymiques, d'autant que la Jurisprudence est favorable à
ce genre d'actions.
En effet,
les tribunaux français rendent les noms de domaine à leur titulaire
légitime au détriment de la règle d'enregistrement du "
premier arrivé, premier servi "5 .
Il convient
de noter comme précisé plus-haut l'instauration depuis le 1er janvier
2000 de la possibilité de résoudre " on line " les litiges
relatifs aux noms de domaines. L'ICANN s'engage dans un délai de 60 jours
à trancher la décision dans le cadre de l'arbitrage. Cette procédure
est intéressante dans la mesure ou parallèlement à la saisine
des juridictions, l'on peut dés à présent bloquer la cession
du nom de domaine par l'intermédiaire du réseau des " registars
" tous affiliés à l'ICANN.
Cependant,
tant qu'un véritable régime juridique n'aura pas été
mis en place, le contentieux des noms de domaine restera instable.
1 Internet
Assigned Corporation for Assigned Names and Numbers, l'ICANN est un nouvel organisme
de gestion des noms de domaine. NIC France, Domaine de Voluceau, BP 105, 78153
Le Chesnay Cedex.
2 NIC France, Domaine de Voluceau, BP 105, 78153 Le Chesnay Cedex.
3 TGI Nanterre, ref, 16 septembre 1999.
4 TGI Nanterre, 30 juin 1999.
5 Affaire Framatom où les tribunaux ont obligé le déposant de Framatom.com à rétrocéder
le nom de domaine à son légitime titulaire.
Me
Lionel REVELLO,
avocat
Cabinet REVELLO
Parc Scientifique de Sophia Antipolis
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Tel 04 92 38 92 92
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