epuis deux mois, les marchés américains
et européens sont rythmés par les annonces
de " profit warning ". Ces annonces ont énormément
pesé sur les places boursières mondiales.
La plupart des grandes valeurs technologiques se sont toutes
repliées fortement à la suite de ces annonces.
Sun Microsystem, Nortel, Texas Instrument ou encore Cisco
ont du revoir à la baisse leurs perspectives de résultats.
Le Nasdaq a retrouvé les niveaux de juin 1999.
On a pu également constater que les marchés
américains et européens restaient fortement
corrélés. Chaque annonce de " profit
warning " sur le Nasdaq a été suivie
d'une chute des valeurs technologiques en Europe. Pour preuve,
Alcatel ou ST Microelectronics ont vu leur valeur boursière
chuter de 40% ces dernières semaines.
Les valorisations sont calculées sur les revenus
futurs de la société. Ceux-ci sont étroitement
liés à la croissance de la société,
que ce soit sur ses marges ou sur son chiffre d'affaires.
Pendant 18 mois, les analystes ont considéré
que les valeurs technologiques étaient capables de
dégager des revenus toujours croissants quelles que
soient les conditions économiques. Pour cette raison,
les niveaux de valorisation ont atteint des niveaux rarement
observés auparavant. On a vu par exemple des sociétés
valorisées jusqu'à 200 fois leurs bénéfices
!
Il est évident qu'après ces annonces de "
profit warning ", ces hypothèses de croissance
ne tenaient évidemment plus et la chute des valeurs
technologiques était alors inévitable.
La cause principale de ce retournement réside dans
les perspectives de croissance de l'économie américaine.
De nombreux dirigeants de sociétés récemment
secouées sur les marchés ont d'ailleurs souligné
ce point : l'investissement baisse aux Etats-Unis. Par exemple,
Oracle, numéro un mondial des logiciels de gestion
de base de données, a annoncé la semaine dernière
un bénéfice par action inférieur à
ce qui était attendu par le marché. La direction
du groupe américain a expliqué cette dégradation
en affirmant que de nombreux clients avaient préféré
reporter leurs investissements au 2ème semestre 2001.
Dans ces conditions, le rebond des valeurs technologiques
est lié à la croissance de l'économie
américaine.
Les investisseurs voient donc en Alan Greenspan leur sauveur
potentiel. Après la baisse surprise des taux en janvier,
le président de la Fed pourrait à nouveau
baisser ses taux directeurs lors de la prochaine réunion
des instances monétaires américaines, le 20
mars. Cette détente monétaire permettrait
d'assouplir les conditions du crédit et d'améliorer
les opportunités d'investissement pour les entreprises.
En apparence, Alan Greenspan a une importante marge de manuvre,
même si le fort endettement des ménages américains
ou les surcapacités des entreprises obligent les
autorités monétaires à agir prudemment.
L'inflation ne semble pas revenir aux Etats-Unis et les
comptes de l'Etat fédéral affichent des excédents.
Egalement, les Etats-Unis parviennent à capter une
grosse partie de l'épargne mondiale, japonaise en
particulier.
Toutefois, cette intervention sur les taux ne résoudrait
pas tout. Même si une telle annonce redonnait confiance
aux investisseurs, il subsiste un problème de visibilité
à moyen terme sur les valeurs technologiques. Les
effets d'une politique monétaire ne se concrétiseraient
que six ou huit mois plus tard. En attendant, la conjoncture
actuelle ne permet pas de savoir exactement ce que sera
l'économie américaine au second semestre 2001.
Les grandes sociétés technologiques américaines
s'attendent à une relance des investissements et
donc un regain d'activité pour le secteur. Mais que
se passera-t-il si la croissance n'est pas là ? En
cette période d'annonce de résultats annuels,
on devrait savoir rapidement ce que le marché anticipe
pour la fin de l'année 2001.
On peut quand même s'étonner que les valeurs
européennes suivent le même parcours que leurs
homologues américaines. La situation économique
semble moins préoccupante même si l'inflation
a récemment ressurgi en Italie ou en Allemagne ce
qui pourrait pénaliser la croissance. Dans un tel
contexte, certains analystes estiment que les valeurs technologiques
européennes ont beaucoup souffert, peut-être
trop. Dès lors, elles pourraient redevenir des sociétés
de croissance. Il est encore trop tôt pour l'affirmer.
Richelieu
Finance : Alain
Crouzat
Gérant de portefeuille
Tél.
: 01.42.89.00.00.
www.richelieufinance.fr
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