'une des
clés du développement de l'e-commerce se trouve dans la résolution
de ce problème décisif que les décideurs du Net ne peuvent
aujourd'hui ignorer : parvenir à apaiser la méfiance de la frange
non négligeable d'internautes qui ne consomment pas online de peur de perdre
tout contrôle sur leurs données personnelles.
Cette
peur, si l'on se réfère à des informations glanées
outre-Atlantique, il est important de ne pas la sous-estimer : 56% des internautes
américains se disent préoccupés par les risques résultant
des intrusions dans leur vie privée, et surtout, parmi le quart de ceux
qui n'ont jamais consommé sur le Net, 57% assurent que c'est parce qu'ils
craignent de voir les données personnelles recueillies par les sites utilisées
à des fins différentes de celles nécessaires au bon déroulement
de la transaction commerciale (est essentiellement visée ici leur revente
à des tiers). Ce pourcentage est équivalent à celui de ceux
qui n'achètent rien car ils craignent de voir leur numéro de carte
de crédit piraté (sondage
réalisé au mois d'octobre 2000 par Harris Interactive pour le compte
de la National Consumers League).
Bien sûr,
ces chiffres concernent les consommateurs américains, et il est légitime
d'être critique quant à toute extrapolation aux consommateurs de
l'hexagone. Mais, tant qu'aucune étude comparative n'aura démontré
le contraire, on peut sérieusement douter que l'internaute français
soit si éloigné que cela dans ses habitudes que l'internaute américain,
surtout si l'on considère qu'au niveau de l'offre, les sites d'e-commerce
en France sont, à de très rares exceptions près, calqués
sur le modèle américain.
Donc pour
pallier à cette crise de confiance entre les internautes et les sites de
commerce électronique, des initiatives ont récemment vu le jour,
non seulement de la part des professionnels mais aussi d'instances internationales.
L'exemple
le plus marquant est sans doute celui de l'OCDE
(Organisation pour la coopération et le développement économique)
qui a mis en ligne au mois de septembre un " générateur
de déclaration de politique en matière de protection des données
personnelles ". Pour ses créateurs, cet outil joue un rôle
pédagogique dans la réalisation d'un objectif ambitieux : en éveillant
la conscience du public et des professionnels sur les problèmes délicats
posés par le respect des données personnelles, il s'agit de trouver
des solutions pour établir la confiance entre les parties en vue de favoriser
le développement de l'e-commerce.
En proposant
ce générateur l'OCDE choisit celle de l'affichage transparent et
standardisé des pratiques.
Concrètement,
pour obtenir une déclaration personnalisée il suffit de remplir
un formulaire énumérant le type de données collectées
et leur utilisation. On est alors averti lorsque ses méthodes ne sont pas
en conformité avec la loi. Ici la référence ce sont les "
lignes directrices régissant la protection de la vie privée et les
flux transfontières de données de caractère personnel "
élaborées par l'organisation en 1980, mais des informations sur
les diverses législations nationales sont également fournies.
Le problème
reste cependant que cette procédure ne garantit en rien que les politiques
affichées soient effectivement respectées.
Du côté
du secteur privé, l'exemple est donné par quelques poids lourds
de l'e-commerce qui font appel à de grands cabinets de consulting, tels
Andersen ou Ernst & Young, pour réaliser des audits sur leurs pratiques
en la matière.
C'est,
entre autres le cas du site de voyage Expedia
(propriété de Microsoft) qui a récemment fait appel à
PricewaterhouseCoopers. L'idée
était de faire vérifier par un cabinet indépendant que les
déclarations présentées dans la page de confidentialité
étaient effectivement respectées.
Expedia
s'est par exemple engagé à ne pas transmettre à des tiers
les données personnelles de ses clients. La firme permet même, fait
rarissime aux U.S.A. (et légalement obligatoire en France), l'accès
aux données nominatives afin que les usagers concernés puissent
les mettre à jour, les modifier ou les supprimer.
Enfin,
dans le cas ou cette politique viendrait à être modifiée dans
l'avenir, les personnes dont les données ont déjà été
récoltées ne seront pas touchées par ces changements. Ce
sera toujours celle qui prévalait au moment de la récolte qui continuera
à être appliquée.
Cette
précision est loin d'être anodine. Rappelons qu'au mois de septembre
Amazon s'est attiré les foudres des associations de défense des
internautes en modifiant sa politique : en cas de banqueroute, en tant que propriété
de la compagnie, les données de ses clients (plusieurs millions) pourraient
désormais être cédées au même titre que ses autres
biens.
L'EPIC
(Electronic Privacy Information Center), la plus puissante association de défense
de la vie privée sur le Net, avait alors rompu ses partenariats avec le
plus célèbre des libraires en ligne et appelé au boycott.
Pour les
cabinets de consulting l'audit de la politique de protection des données
est devenu une activité extrêmement rentable : PricewaterhouseCoopers
facture 15 000 $ pour l'apposition de son logo attestant de l'audit réalisé
par la firme. L'audit lui même pouvant atteindre plusieurs millions. Elle
compte ainsi parmi ses clients Mastercard ou DoubleClick ou E-Loan (dont l'audit
ayant duré trois semaines a coûté 250 000 $). L'objectif est
toujours de prouver que les déclarations affichées sont parfaitement
respectées. Et selon Mr. Ponemon, responsable de ces audits, le nombre
de sociétés faisant appel à ses services ne devrait cesser
de croître (pour l'instant elles sont environ 200 à avoir fait appel
aux services de PricewaterhouseCoopers pour ce propos).
On comprend
alors tout l'intérêt du générateur de l'OCDE lorsqu'on
ne dispose pas des moyens financiers pour faire appel à de tels cabinets.
La transparence
semble donc être devenue l'un des maîtres mots pour amadouer les internautes
récalcitrants aux joies de la consommation en ligne. La constance également
: une fois que l'on s'est engagé, il est préférable de ne
pas revenir en arrière sous peine de s'attirer une mauvaise publicité.
Un petit
conseil pour terminer : une page consacrée au respect des données
personnelles ne se cache pas dans les tréfonds d'un site. Il faut la rendre
accessible dès la page d'accueil et si possible sur toutes les pages où
sont disposés des formulaires.
Note :
Pour une
information complémentaire sur la protection des données personnelles
et les lois applicables, vous trouverez de nombreuses ressources sur les sites
Robinweb.com et Panoranet.org.
FRANCK GARNIER
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Société de mesure et de qualification d'audience de sites Web :
statistiques et profils comportementaux non-nominatifs"
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