a
fin du monopole des opérateurs télécoms historiques nationaux
en Europe a donné le signal à une formidable guerre des prix et
à l'émergence de nouveaux acteurs. Cette concurrence accrue a également
favorisé le développement des nouvelles technologies de communication.
En effet, la téléphonie mobile et l'Internet sont devenus des relais
de croissance inévitables de la téléphonie fixe. A terme,
les opérateurs devraient se rémunérer uniquement sur le transfert
des données (images, vidéo), la voix procurant alors des ressources
marginales. Le mariage du téléphone et de l'Internet est consommé
et devrait apporter au secteur des télécommunications une croissance
exponentielle sur les prochaines années. On estime qu'en Europe de l'Ouest,
le taux de pénétration des mobiles va passer de 34 % en 1999 à
63 % en 2004 et celui des portables connectés à Internet de 0 %
à 34 % sur la même période.
Le problème
des opérateurs est d'essayer de récupérer le maximum d'abonnés
et d'acquérir le plus rapidement possible une taille qui permette de financer
les énormes investissements nécessaires à la mise en place
des nouvelles technologies. Les infrastructures sont en pleine évolution
et les opérateurs doivent s'adapter aux nouvelles normes de réseaux
: le GPRS en 2001 (en remplacement du GSM) puis le fameux UMTS en 2002.
Pour sa
part, France Télécom a su préparer la fin de son monopole
et se développer de façon significative. Depuis le récent
rachat d'Orange pour 43,2 milliards d'euros (hors licence UMTS), le groupe s'inscrit
ainsi, avec ses 25 ou 30 millions d'abonnés prévus à fin
2000, comme le deuxième opérateur mobile européen derrière
Vodaphone et le troisième mondial derrière le japonais NTT DoCoMo.
Orange permet en effet à France Télécom de gagner 6 millions
d'abonnés supplémentaires (chiffres au 31/03/00) et l'accès
au marché britannique avec une marque puissante. Ce regroupement apporte
des synergies d'ordre géographique, technologique et financière.
Les actifs de téléphonie mobile d'Itineris seront regroupés
avec ceux d'Orange, qui changera de dénomination pour " New Orange
". Cette nouvelle entité sera vraisemblablement introduite en bourse
d'ici la fin de l'année ou début 2001, ce qui permettra à
France Télécom de disposer d'une monnaie d'échange pour de
nouvelles acquisitions. Même si ce rachat va peser cette année sur
les marges de France Télécom, il sera fortement créateur
de valeur dès 2002.
Concernant
les principaux marchés européens, France Télécom est
ainsi présent en Grande-Bretagne (via 100% d'Orange), en Italie (via 24,5
% de Wind + le rachat éventuel des 24,5 % détenus par Deutsche Telekom)
et en Allemagne (via ses 28,5 % dans Mobilcom). L'Espagne reste un maillon manquant
pour réaliser un véritable réseau européen. Cette
question pourrait se régler avec le rachat éventuel des parts de
Vivendi dans Xfera ou une alliance avec Telefonica. Le chiffre d'affaires (CA)
à l'international de France Télécom a plus que doublé
au premier semestre 2000 et représente désormais plus de 20 % de
son CA semestriel consolidé de 15,3 milliards d'euros.
La filiale
Internet de France Télécom, Wanadoo, introduite en bourse fin juillet,
a publié un CA en progression de 82 % et un nombre d'abonnés actifs
de 1,4 million, multiplié par deux par rapport à juin 1999.
L'augmentation
du CA de cette activité provient également du développement
des services d'information tels que la publicité en ligne, la création
et l'hébergement de sites pour les fournisseurs de services.
Les bons
chiffres des nouveaux usages que sont l'accès à Internet et les
communications mobiles compensent largement la perte de vitesse enregistrée
dans la téléphonie fixe en France (-3,8 % par rapport au premier
semestre 1999), victime de la baisse des prix due à la forte concurrence.
La part de la téléphonie fixe dans le CA consolidé du groupe
n'est plus que de 43,5 %, contre 53,5 % un an plus tôt.
Le nombre
d'abonnés auquel a aujourd'hui accès France Télécom
par l'intermédiaire de ses filiales et participations se monte à
près de 60 millions (38 M dans la téléphonie fixe, répartis
dans 9 pays ; 18 M dans les mobiles, avec une présence dans 18 pays ; 2
M dans l'accès Internet, situés dans 10 pays ; 2 M dans les réseaux
câblés, sur 2 pays).
France
Télécom est donc devenu aujourd'hui un acteur télécom
incontournable au niveau européen. Les licences UMTS acquises en Europe
(France, Allemagne, Grande-Bretagne, Pays-Bas,
) devraient normalement constituer
un gisement de croissance important à partir de 2002-2003. Avant cela,
il reste au groupe à finaliser la mise en place de son réseau mondial
afin de profiter au mieux des importantes retombées du futur trafic international
dans les télécommunications.
Francois
Escoffier / Richelieu Finance
Analyste buy-side
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