eut-on encore l'ignorer ? Le 1er janvier 2002, dans toute
la Communauté Européenne (Grande-Bretagne
peut-être exceptée), la monnaie unique ne sera
plus un projet mais une réalité légale
et incontournable. Chèques, virements, opérations
carte bancaire, gestion de titres, " parleront Euro
" et non plus " franc ", " lire "
ou " florin ". Les billets et pièces de
monnaie actuels n'auront alors plus que 48 jours à
vivre. Question : vos clients sauront-ils, ce 1er janvier
2002, quel pourcentage de leur budget ménager représentera
le beau robot-minute que vous mettez en vente sur votre
boutique en ligne ?
Etonnons-nous tout d'abord de constater que les craintes
du passage à l'Euro (et des confusions que cela va
causer dans bien des esprits) sont infiniment moindres que
celles liées au célébrissime "
bug de l'an 2000 ". Pourtant, les inquiétudes
devraient être autrement plus grandes : quarante-deux
ans après l'instauration du " nouveau franc
" (dont la formule arithmétique de conversion
était, en calcul mental, autrement plus simple que
celle de l'Euro), l'on voit encore des personnes, pour une
immense majorité des " seniors ", confondre
encore 10.000 FF et " un million ", et même,
bien plus grave, se faire escroquer par des personnes peu
scrupuleuses qui arrivent encore, après tant de temps,
à profiter lâchement de cette confusion.
Pour ne rien arranger, de toutes récentes études
démontrent qu'un très faible pourcentage de
Français achètent ou " parlent "
en Euros (moins de 3% aux dernières statistiques
consultées). Et nous sommes pourtant tout proches
de l'échéance fatidique et du point de non-retour
!
Un rôle éducatif à jouer
Il est temps pour les marchands (et, en ce qui nous concerne
plus particulièrement, pour les cybercommerçants)
d'habituer leurs clients (et de s'habituer par la même
occasion) à notre nouvelle monnaie. Pour cela, les
banques jouent plutôt bien le jeu : plus aucun chèque
en francs français à compter du 1er juillet
2001. Mais est-ce que cela suffit ? Assurément non.
Allez expliquer aujourd'hui à qui voudra bien vous
écouter, qu'une baguette de pain vaut en moyenne
0,58 Euros, un compact-disc environ 18,00 Euros, et qu'un
Palm Vx navigue en général dans les 225 à
230 Euros. Nous parlons bien sûr ici de la valeur
monétaire intrinsèque et non des pièces
et billets, puisque ceux-ci ne sont pas encore en circulation.
Au-delà de cela, les habitudes sont tellement ancrées
dans notre quotidien qu'un salarié gagnant 12.000
francs net par mois, et ayant un loyer de 3.000 francs pour
la même période, saura que son budget logement
représente 25 % de son salaire. Et cela restera vrai
en Euros, jusqu'au jour où
il cherchera à
déménager.
Il serait donc grand temps que les (cyber)commerçants
interviennent dans cette campagne de familiarisation avec
notre future monnaie. Bien sûr, en raison des problèmes
comptables et de gestion que cela pose problème,
il n'est guère envisageable de les faire " basculer
" en cours d'exercice comptable. Mais rien en revanche
ne leur interdit d'intervertir la tendance qui, jusqu'à
présent louable, devient maintenant dangereuse.
Cette tendance, là voici : l'affichage des prix se
fait sous la forme suivante :
Cafetière 12 tasses programmable
495,00 FF (soit 75,46 Euros)
N'est-il pas grand temps la changer des à présent
en :
Cafetière 12 tasses programmable
75,46 Euros (= 495,00 FF)
Puis, quelques jours ou semaines avant le 1er janvier, en
:
Cafetière 12 tasses programmable
75,46 Euros
Ce qui n'empêchera en rien, jusqu'au 31 décembre
2001, de facturer, encaisser et comptabiliser en francs
français.
Les risques de récession
En effet, que va-t-il se passer le 1er janvier 2002 ? Soucieux
de ne pas commettre un impair budgétaire, n'ayant
pas forcément possibilité d'effectuer la conversion
sur le fait (ou n'en ayant pas envie), certains de vos clients
risqueraient bien de s'abstenir, en application du proverbe
bien connu, et relatif aux doutes. Et d'aller acheter leur
cafetière IRL (" in real life ", pour ceux
qui ne connaîtraient toujours pas l'acronyme), là
où un charmant vendeur aura la délicatesse
de répondre précisément à leur
question : " en francs, ça fait combien ? ".
Et le vendeur de dégainer sa calculette vite fait
bien fait
Le problème étant que sur
le Net, un client perdu, ce ne sont pas forcément
dix de retrouvés
Il serait bien sûr dangereux pour vous, commercialement
parlant, d'abandonner trop tôt l'affichage en francs
français. Des prix affichés uniquement en
Euros dérouteraient potentiellement, si les statistiques
sont toujours d'actualité, 97% de vos clients. De
plus, vous risqueriez d'être en infraction avec le
Code de la Consommation, qui vous oblige à stipuler
les prix en francs ET en Euros. Mais sachez que l'ordre
d'affichage n'est pas précisé.
La France est attachée à sa culture, et tout
comme le cassoulet, la fusée Ariane et les petites
femmes de Pigalle, le franc français en fait partie
intégrante : le sentiment global des français,
avec l'arrivée de l'Euro, est que la France va au
passage y perdre un peu de son identité. Malheureusement,
que ce soit vrai ou non, le choix ne nous est pas laissé.
Et dans cette période transitoire, il appartient
à chacun de jongler le plus intelligemment possible
entre une culture bien ancrée et un futur qui, mal
maîtrisé, deviendrait vite dangereux
Voici pour finir les adresses de deux excellents sites,
très didactiques, à consulter sans attendre
pour mieux appréhender le passage à l'Euro
:
www.euro-expert.com
(site publié par l'Ordre des Experts Comptables)
http://www.finances.gouv.fr/minefi/pratique/euro/index.htm
(Ministère des Finances)
Jean Lançon
www.jeanlancon.com
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