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  Les équipementiers en Télécommunication : des perspectives constrastées
Dossier "SAM Le Directeur" du 21 août au 3 septembre 2000 par François Escoffier

près la publication des résultats semestriels des principaux équipementiers en télécommunications, on constate des divergences au niveau des performances, mais également en ce qui concerne les perspectives des différentes branches d'activité au sein des mêmes groupes. En d'autres termes, les sociétés du secteur ne profitent pas toutes de la même manière des avantages procurés par les nouvelles technologies.

C'est sans nul doute Alcatel qui tire le mieux son épingle du jeu : son résultat opérationnel bondit de 141 % à 751 Meuros alors que son chiffre d'affaires s'inscrit en hausse de 37 % à 13,8 milliards d'euros, grâce aux progressions réalisées par les branches réseaux (infrastructures mobiles, en particulier les équipements LMDS pour la boucle locale radio), les terminaux mobiles et les composants de télécommunication (forte demande de fibres optiques). Les grands contrats d'infrastructure ADSL (notamment avec SBC et Bell Atlantic) sont en phase de facturation, le carnet de commandes de l'activité câbles sous-marins est bon (9 milliards d'euros prévus pour la fin de l'année), la branche terminaux mobiles (avec une estimation annuelle des ventes à 20 millions d'appareils) se tient bien et l'intégration de Genesys et de Newbridge est réussie. Tous ces facteurs positifs contribuent à l'amélioration des perspectives et de la visibilité du groupe. Les ventes des activités télécoms, représentant 85 % du CA, devraient croître de 35 % cette année, le résultat opérationnel correspondant devrait s'inscrire en hausse de 70 %. Enfin, un autre élément pourrait être favorable à la société : Alcatel prévoit en effet de coter d'ici la fin de l'année ses activités de composants optiques (regroupées au sein d'Alcatel Optronics, qui devrait dégager cette année un CA de 400 millions d'euros et une marge opérationnelle de 25 %), sous forme de " tracking stocks ", actions spécifiques reflétant les performances économiques de cette activité.

Le suédois Ericsson, avec un chiffre d'affaires semestriel de 14,7 milliards d'euros (+34 %) et un résultat net semestriel en progression de 337 % à 2,2 milliards d'euros, a présenté de bons résultats. Le titre a cependant subi d'importantes prises de bénéfices (-11 % le 21 juillet !) suite à la publication de ces chiffres car, bien que le résultat net soit exceptionnel (en tenant certes compte d'une plus-value exceptionnelle de pratiquement 1 milliard d'euros résultant d'une cession d'activités), le CA annoncé est en-dessous des prévisions des analystes et la marge opérationnelle annuelle est prévue en baisse. Le succès de sa branche infrastructures de réseaux (avec une position dominante sur le GPRS) compense tout de même en partie la faiblesse actuelle de la division téléphonie mobile, victime d'une pénurie de composants. En tout état de cause, la croissance importante attendue au niveau des activités d'infrastructures mobiles et des terminaux, représentant 80 % du CA de la société, promet des perspectives attrayantes à Ericsson.

Philips a quant à lui annoncé des résultats semestriels records : un bénéfice net de 1,3 milliard d'euros, en augmentation de 77 %, et un CA à +24 %. C'est la branche semi-conducteurs du groupe qui a le plus contribué à cette bonne performance. Les divisions électronique grand public et composants ont également eu un impact favorable sur le résultat d'exploitation du groupe. Philips est à la recherche d'un partenaire pour la téléphonie mobile, afin d'obtenir d'ici deux ans une part de marché du GSM d'au moins 10 %. Une seule ombre au tableau : la filiale de services informatiques du groupe, qui devrait être cotée en bourse au second semestre, a connu un léger ralentissement d'activité (-10 %). Malgré un bon comportement des différentes activités du groupe au premier semestre, il subsiste néanmoins quelques interrogations concernant la pénurie de composants électroniques pour sa production, l'utilisation du cash apporté par la cession de titres JDS Uniphase, ASML et Seagram et la croissance du pôle électronique grand public numérique.

Enfin, le titre Nokia a subi une très sévère correction (-20 % !) le 27 juillet suite à la publication de ses résultats semestriels. Pourtant, les chiffres annoncés furent bons : un CA de 13,5 milliards d'euros (+55 %) et un résultat net de 951 Meuros (+64 %). C'est en fait la mise en garde du président concernant le troisième trimestre qui a fait chuter le titre : le calendrier de lancement des nouveaux téléphones mobiles couplé aux variations saisonnières devraient procurer des ventes au 3ème trimestre inférieures à celles du 2ème trimestre. Les analystes ont donc revu à la baisse les prévisions de résultats annuels du groupe. Malgré tout, la domination du finlandais dans le secteur (devant Motorola et Ericsson) n'est cependant pas remise en cause et les qualités fondamentales du groupe subsistent.

Francois Escoffier / Richelieu Finance
Analyste buy-side
www.richelieufinance.fr
Tel : 01 42 89 00 00

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