près
la publication des résultats semestriels des principaux équipementiers
en télécommunications, on constate des divergences au niveau des
performances, mais également en ce qui concerne les perspectives des différentes
branches d'activité au sein des mêmes groupes. En d'autres termes,
les sociétés du secteur ne profitent pas toutes de la même
manière des avantages procurés par les nouvelles technologies.
C'est
sans nul doute Alcatel qui tire le mieux son épingle du jeu : son résultat
opérationnel bondit de 141 % à 751 Meuros alors que son chiffre
d'affaires s'inscrit en hausse de 37 % à 13,8 milliards d'euros, grâce
aux progressions réalisées par les branches réseaux (infrastructures
mobiles, en particulier les équipements LMDS pour la boucle locale radio),
les terminaux mobiles et les composants de télécommunication (forte
demande de fibres optiques). Les grands contrats d'infrastructure ADSL (notamment
avec SBC et Bell Atlantic) sont en phase de facturation, le carnet de commandes
de l'activité câbles sous-marins est bon (9 milliards d'euros prévus
pour la fin de l'année), la branche terminaux mobiles (avec une estimation
annuelle des ventes à 20 millions d'appareils) se tient bien et l'intégration
de Genesys et de Newbridge est réussie. Tous ces facteurs positifs contribuent
à l'amélioration des perspectives et de la visibilité du
groupe. Les ventes des activités télécoms, représentant
85 % du CA, devraient croître de 35 % cette année, le résultat
opérationnel correspondant devrait s'inscrire en hausse de 70 %. Enfin,
un autre élément pourrait être favorable à la société
: Alcatel prévoit en effet de coter d'ici la fin de l'année ses
activités de composants optiques (regroupées au sein d'Alcatel Optronics,
qui devrait dégager cette année un CA de 400 millions d'euros et
une marge opérationnelle de 25 %), sous forme de " tracking stocks
", actions spécifiques reflétant les performances économiques
de cette activité.
Le suédois
Ericsson, avec un chiffre d'affaires semestriel de 14,7 milliards d'euros (+34
%) et un résultat net semestriel en progression de 337 % à 2,2 milliards
d'euros, a présenté de bons résultats. Le titre a cependant
subi d'importantes prises de bénéfices (-11 % le 21 juillet !) suite
à la publication de ces chiffres car, bien que le résultat net soit
exceptionnel (en tenant certes compte d'une plus-value exceptionnelle de pratiquement
1 milliard d'euros résultant d'une cession d'activités), le CA annoncé
est en-dessous des prévisions des analystes et la marge opérationnelle
annuelle est prévue en baisse. Le succès de sa branche infrastructures
de réseaux (avec une position dominante sur le GPRS) compense tout de même
en partie la faiblesse actuelle de la division téléphonie mobile,
victime d'une pénurie de composants. En tout état de cause, la croissance
importante attendue au niveau des activités d'infrastructures mobiles et
des terminaux, représentant 80 % du CA de la société, promet
des perspectives attrayantes à Ericsson.
Philips
a quant à lui annoncé des résultats semestriels records :
un bénéfice net de 1,3 milliard d'euros, en augmentation de 77 %,
et un CA à +24 %. C'est la branche semi-conducteurs du groupe qui a le
plus contribué à cette bonne performance. Les divisions électronique
grand public et composants ont également eu un impact favorable sur le
résultat d'exploitation du groupe. Philips est à la recherche d'un
partenaire pour la téléphonie mobile, afin d'obtenir d'ici deux
ans une part de marché du GSM d'au moins 10 %. Une seule ombre au tableau
: la filiale de services informatiques du groupe, qui devrait être cotée
en bourse au second semestre, a connu un léger ralentissement d'activité
(-10 %). Malgré un bon comportement des différentes activités
du groupe au premier semestre, il subsiste néanmoins quelques interrogations
concernant la pénurie de composants électroniques pour sa production,
l'utilisation du cash apporté par la cession de titres JDS Uniphase, ASML
et Seagram et la croissance du pôle électronique grand public numérique.
Enfin,
le titre Nokia a subi une très sévère correction (-20 % !)
le 27 juillet suite à la publication de ses résultats semestriels.
Pourtant, les chiffres annoncés furent bons : un CA de 13,5 milliards d'euros
(+55 %) et un résultat net de 951 Meuros (+64 %). C'est en fait la mise
en garde du président concernant le troisième trimestre qui a fait
chuter le titre : le calendrier de lancement des nouveaux téléphones
mobiles couplé aux variations saisonnières devraient procurer des
ventes au 3ème trimestre inférieures à celles du 2ème
trimestre. Les analystes ont donc revu à la baisse les prévisions
de résultats annuels du groupe. Malgré tout, la domination du finlandais
dans le secteur (devant Motorola et Ericsson) n'est cependant pas remise en cause
et les qualités fondamentales du groupe subsistent.
Francois
Escoffier / Richelieu Finance
Analyste buy-side
www.richelieufinance.fr
Tel : 01 42 89 00 00
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