onfronté
au nouvel espace de liberté de communication, Internet,
les cinq grands groupes mondiaux d'édition musicale, Time
Warner, Sony, Universal Music Group, Virgin et BMG doivent réagir.
Depuis près de deux ans, la bataille fait rage autour de
la firme britannique EMI. Enjeu : l'acquéreur deviendra
leader mondial.
EMI,
en quelques mots.
La société EMI a été créée
en 1897. Cette société anglaise indépendante
se positionne comme le cinquième groupe mondial dans le
secteur de l'édition et la production musicale. EMI apparaît
comme une institution outre-manche avec des marques telles que
Virgin Music, Capital et HMV.
Il
y a deux ans.
Répétition avant les discussions actuelles, des
rumeurs de négociation d'alliance entre la filiale du groupe
allemand Bertelsmann, BMG Entertainment et EMI avaient eu lieu
vers le mois de novembre 1998. Bertelsmann devait prendre une
participation de 50% dans la nouvelle société. Les
discussions ont tourné court. Peu après, la société
Seagram, intéressée elle aussi, préféra
finalement racheter Polygram, une autre société
dans l'édition musicale.
L'année
dernière.
En février 1999, d'autres rumeurs courraient sur l'acquisition
d'EMI group par le groupe de Rupert Murdoch. Ce magnat australo-américain
envisageait de racheter EMI via sa propre société
de production de disques Mushroom. Là aussi, les rumeurs
se sont éteintes d'elle-même.
Début
d'année.
Time Warner et EMI group ont annoncé leur mariage en janvier
2000. Cette nouvelle société, Warner EMI Music,
devant être détenue à 50/50 par les actionnaires
des deux sociétés respectives, aurait généré
un chiffre d'affaires de huit milliards d'US dollars (environ
60 milliards de FF) et un bénéfice avant impôts
de plus de un milliard d'US dollars (plus de7.5 milliards de FF).
Ce géant aurait rassemblé plus de 2500 artistes,
2000 albums par an et les droits de plus de deux millions de chansons,
de quoi alimenter en continu un grand nombre de média (chaîne
télévisée musicale, Internet,...). Les présidents
étaient même déjà choisis.
Véto
de Bruxelles.
Mais voilà, au début d'octobre 2000, le projet de
fusion, qui aurait créé un géant de l'édition
musicale, a été repoussé par les autorités
européennes de Bruxelles. Elles ont estimé que cette
fusion aurait donné naissance à une société
détenant une position dominante sur le marché de
la musique, outre les craintes d'oligopole avec les autres majors.
Pourtant, EMI et Time Warner avaient revu, en septembre 2000,
leur projet pour satisfaire Bruxelles.
Et
finalement, Bertelsmann, encore lui.
Devenir le numéro un de l'édition musicale en moins
d'un an. Cet objectif, affiché en février dernier,
par le président du directoire de Bertelsmann, Thomas Middelhoff,
est en passe d'être réalisé. Après
l'annonce de l'échec de la fusion entre EMI et Time Warner,
la société Bertelsmann négocie (une nouvelle
fois !) avec EMI group, la constitution d'un joint venture entre
sa filiale d'édition musicale BMG et EMI. Les discussions
continuent. Mais elles porteraient désormais sur le directoire,
preuve que le dossier reste bien avancé. Après l'accord
avec Napster, (voir l'article précédant titré
: " le " vilain petit canard " trouve un allié
de poids "), Bertelsmann étend ses positions sur les
médias à travers le contenu et les vecteurs de distribution.
Bertelsmann pourrait ainsi avoir une position plus avantageuse
qu'Universal après son accord avec MP3.com pour devenir
son premier actionnaire.
Plus petite que la fusion EMI-Time Warner, celle EMI-BMG devrait
poser moins de problèmes auprès de la commission
européenne.
Ces tractations, depuis près de deux ans, autour d'EMI
auront au moins eu l'effet de réveiller l'intérêt
spéculatif autour d'EMI, mais aussi d'autres sociétés
comme Seagram. De 312 pences en décembre 1998, le cours
de l'action EMI cotait environ 600 pences ces derniers jours.
Quoiqu'il en soit, ces différents épisodes autour
d'EMI montrent les préoccupations des cinq majors de l'édition
musicale pour devenir un leader mondial détenant, ipso
facto, un grand répertoire musical. Celui-ci permettrait
à la société d'envisager sereinement la création
d'une société de musique de type Napster ou de MP3.com
sur Internet. Des rapprochements apparaissent comme une nécessité
pour contrer la progression de l'échange anarchique de
morceaux musicaux sur Internet.
François
Chaulet / Richelieu
Finance
Directeur
Général
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Tel : 01 42 89 00 00
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