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courrier électronique n´est pas né d´hier.
C´est même l´un des plus anciens avatars d´Internet
avec feu Gopher et les news. J´observe le courrier électronique
depuis 1988, c´est à dire bien avant l´arrivée
d´Internet dans nos vies de tous les jours. A cette date,
un grand fabricant de matériel informatique décidait
d´étendre l´usage de l´e-mail (sous un
format alors propriétaire) à toute l´entreprise
(120000 personnes dans 35 pays à cette époque et
hélas beaucoup moins aujourd'hui).
L´enjeu
du courrier électronique d´alors était d´en
répandre l´usage car il se heurtait à la résistance
effrénée des managers qui ne pouvaient concevoir
à l´époque qu´un responsable puisse
taper sur un clavier comme une secrétaire. Et ceci même
dans une entreprise qui, à l´époque, était
le 3ème informaticien mondial. C´est dire que nous
avons couvert du chemin depuis ces temps préhistoriques
de l´informatique où les utilisateurs étaient
une espèce en voie de développement. Un signe des
temps, Internet en à peine 5 ans a facilité la pénétration
de l´informatique dans les entreprises, les écoles
et même des foyers. Cherchez une profession qui n´a
pas recours (même en amont ou en aval de son travail) à
l´informatique en 2001 ? Inutile. Nous sommes tous devenus
des usagers de l´informatique, à tel point que celle-ci
se fond dans nos professions pour devenir ce qu´elle aurait
toujours dû être : un outil, au même titre qu´un
stylo, une feuille de papier ou un téléphone, et
non un terrain de spécialistes jargonneurs.
Et
pourtant, malgré cette banalisation de l´outil informatique
et de l´Internet en particulier, pouvons-nous dire sans
crainte que nous savons utiliser l´e-mail ? Beaucoup de
signes nous montrent que non. L´usage qui est fait du courrier
électronique communément (dans le monde du travail
ou sur l´Internet ouvert) est parfois inadapté voire
même source de conflits. Par ailleurs, l´utilisation
de l´e-mail doit faire face à des défis sans
cesse croissants : augmentation exponentielle du spamming, abondance
des e-mails échangés, arrivée en masse de
virus malicieux
. Nous verrons donc ici le détail
des pratiques à bannir de l´utilisation de la messagerie
et les stratégies qu´il faut développer afin
de se protéger mais aussi pour utiliser au mieux cet outil
de communication par excellence que nous aimons tant.
Depuis
1988, l´usage de l´e-mail s´est considérablement
accru. A quelques rares exceptions près, les managers et
même ceux qui sont en haut de l´échelle, répondent
eux-mêmes à leur courrier électronique. La
manipulation du clavier ne fait plus peur, et il n´est plus
rare de côtoyer des patrons qui sont technophiles. C´est
le bon côté des choses. A l´inverse se développent
un ensemble de pratiques que l´on peut qualifier d´abusives.
L'abus
de longueur
A croire que le plaisir à manipuler le clavier est si intense
qu´il génère des courriers de plus en plus
longs et fréquents. Recevez 100 mails d´une page
et voilà que vous lisez votre roman de 100 pages tous les
jours. Il s´ensuit un phénomène, compréhensible,
de lassitude vis à vis de ces messages qui, trop longs,
finissent par être laissés de côté.
Au fur et à mesure qu´on s´y habitue, l´e-mail
est en effet de plus en plus lu à l´écran
et lire 100 pages à l´écran, ce n´est
pas possible. Epargnez à vos collègues ces lectures
marathon et gardez les détails pour plus tard. Pensez à
recourir au style télégraphique et à utiliser
les listes à puce (pour cela, utilisez le format html,
de plus en plus universel - voir la copie d´écran
d´Outlook express à droite)
L'abus
des accusés de réception
Vous est-il arrivé de recevoir un e-mail avec le message
suivant ?... méfiance !
Bien sûr, la plupart du temps, il s'agit d'un correspondant
qui désire simplement s'assurer que vous avez bien reçu
le message que vous attendiez. Mais attention, car si ce n'est
pas le cas, l´envoyeur pourrait bien essayer de vous piéger.
Au lieu de vous confronter directement; l´expéditeur
préfère envoyer un accusé de réception
pour se couvrir. « au cas où je n´ai pas de
réponse, j´aurai une copie pour mon dossier
» semble dire le message en filigrane. Pour éviter
ce genre de désagrément, ouvrez le menu Outils/Options
et sélectionnez l'option "ne jamais envoyer de confirmation
de lecture" dans la boîte de dialogue ci-dessous.
D´ailleurs, il faut se méfier des « dossiers
» que vous pourriez être amenés à conserver
sur vos collègues. Même si l´e-mail permet
techniquement de stocker ce genre de messages de façons
électronique, un tel exercice peut se révéler
à la longue plus dangereux pour le créateur du dossier
que pour son objet. Mieux vaut d´ailleurs se débarrasser
des messages qui sont restés trop longtemps sans usage.
6 mois sans regarder un fichier est sans doute un indice qu´il
faudrait l´archiver et l´oublier.
L'abus
de langage
Voilà un phénomène étrange propre
à l´e-mail, et dont l´observation est à
l´origine de cet article sur les abus du courrier électronique.
Il y a peu, lors d´une discussion entre professeurs d´une
grande école de commerce l´un d´eux se confiait
sur les luttes intestines entre enseignants. Un de ses collègues
avait envoyé un e-mail en s´épanchant pendant
9 longues pages(!) sur ses malheurs, afin que nul ne les ignore
plus. Il est un fait qu´il ne viendrait à l´idée
de personne d´écrire 9 pages et de les photocopier
à l´ensemble de ses collègues.
De même, dans la pratique les remontrances verbales sont
rares dans le milieu professionnel. Les e-mails acerbes avec copie
sont fréquents par contre. Ces phénomènes,
nous les observions déjà à la fin des années
80. L´Internet a rendu possible la circulation des invectives
en dehors de l´entreprise (c´est ce qui c´était
soi disant passé en 99 avec un étudiant HEC qui
aurait insulté un cabinet de recrutement, mais sans que
quiconque soit capable de savoir si c´était vrai,
même parmi les anciens de l'école*). Nombre de fois,
nous recevons ce genre de communications, souvent plus dommageables
pour leurs auteurs que pour leurs destinataires .
*Pour se renseigner sur les vraies fausses rumeurs : www.hoaxbuster.com
ou http://hoaxbusters.ciac.org
La bombe est pourtant facile à désamorcer : après
un délai d´au moins ½ heure faites venir l´auteur
dans votre bureau ( ou prenez le / la à l´écart,
payez lui un café,
..) et posez lui la question :
« que penses-tu de ce courrier que tu m´as envoyé
? » Il est fort à parier que tout sera oublié
dans les minutes qui suivent. Je pense qu´on peut expliquer
ce phénomène par les éléments suivants
:
Le
fait que la communication électronique s'apparente plus
(aux yeux de ses usagers) à de la communication orale.
Son langage est donc moins formel, parfois abrégé,
et rarement relu. Les dérives sont possibles,
La distanciation entre l'émetteur et le destinataire, le
médium électronique "dématérialise"
la relation humaine. Le mail est un terrain favorable à
la catharsis,
Le médium électronique privilège l'immédiateté,
le tac-au-tac or, les communications écrites exigent de
la réflexion, du recul . N'hésitez pas à
tourner 7 fois votre e-mail dans votre tête avant de l'envoyer
et ne répondez jamais à une polémique par
e-mail sans attendre au-moins une nuit.
L'abus de pièce jointe
La pièce jointe est une véritable bénédiction
tant elle est pratique . Hélas, il existe beaucoup d'abus
avec des correspondants qui nous abreuvent de pièces jointes
inutiles. Le compte rendu de réunion en format Word par
exemple long lourd et inutile, il serait bien plus lisible en
format texte ou en format rtf (rich text format) dans le corps
du mail. Et quel cadeau à faire pour les utilisateurs qui
lisent leurs mails sur leurs Palm-Pilot ! plus lourd à
télécharger merci pour les travailleurs itinérants
! Redécouvrez donc les vertus du format texte : rapide,
discret, immédiat, on peut en balayer le contenu très
rapidement.
La taille de ces pièces jointes est un réel problème,
car les versions d'Office se succédant, les tailles des
fichiers sont de plus en plus imposantes et les e-mails aussi.
Impossible d'envisager une pièce jointe de plus de 2 MO
par e-mail, sauf besoin impérieux si votre connexion Internet
se fait par le téléphone. Car il faudra déjà
attendre au minimum 10 minutes pour recevoir juste ce message.
De toute façon, nombreux sont les administrateurs réseaux
qui limitent sévèrement la taille de ces pièces
jointes, en réception et en émission, afin de minimiser
l'impact de ces messages sur l'utilisation de leur bande passante.
Et
en cette période de changement d'année, n'oublions
pas les traditionnelles cartes de voeux, qui viennent alourdir
nos messageries de façon impressionnante et récurrente.
Mieux vaut utiliser des cartes en ligne et éviter de les
joindre à vos messages.
L'abus de copie
Apparenté aux abus de langage sur l'e-mail, l'abus de copie
est la tentation de mettre trop de monde au courant de nos polémiques
électroniques. C'est là une bien mauvaise idée.
Il est bien plus aisé de régler ses problèmes
sans témoins - alors une réelle négociation
peut s'enclencher.
Il
en va de même pour les copies cachées (blind carbon
copy en anglais ou BCC) utiles pour informer un destinataire sans
demander son action, il ne faut pas en abuser, car elles peuvent
également être interprétées comme un
désir excessif de se protéger - (voir figure ci-dessous).
La
personne en copie cachée (bcc) ne sera pas vue du destinataire
ni des personnes en copie (cc)
Note:
Au fait, pourquoi l'abréviation cc ? Tout simplement pour
"Carbon Copy" ou "Copie Carbone", clin-d'oeil au temps pas si
lointain où le papier carbone était la seule façon
d'obtenir la copie d'un document.
L'abus
de stockage
Stocker trop de messages e-mails dans votre outil de messagerie
peut rendre votre ordinateur inutilisable. Si vous utilisez Outlook
98/2000 par exemple, recherchez le fichier *.pst qui contient
vos messages et regardez en la taille. Il n'est pas rare d'en
voir qui dépassent les 200 ou 300 MB !
Sachez
que les messages (hors exceptions) antérieurs à
6 mois et que vous n'avez pas lus au moins 1 fois depuis sont
bons pour l'archivage. Outlook possède d'ailleurs une fonction
automatisée pour supprimer les messages de plus de 6 mois
et les archiver..
Evitez
par ailleurs de garder des "dossiers" sur des sujets épineux
. Rarement utiles, ils se retournent Parfois contre leurs auteurs
car ils servent surtout à se faire des ennemis. Mieux vaut
régler ses problèmes à l'amiable.
L'abus
de réponse
Certains utilisateurs confondent le bouton "répondre" avec
le bouton "répondre à tous", c'est dommage car cela
intéresse peu les 1999 participants à un séminaire
de savoir que le répondant qui s'est trompé de bouton
ne sera pas présent et pourquoi.
Pire,
on a vu cet exemple suivant dans une grande administration française
dont je tairai le nom : Une personne en mobilité envoie
un e- mail à l'ensemble de son service (100 personnes)
pour leur signaler son départ et le plaisir pris à
y travailler pendant 2 ans. Un destinataire commente l'e-mail
avec une phrase genre "bon débarras" et au lieu d'envoyer
ce mail à 1 personne (touche transférer), elle met
l'ensemble des destinataires en copie ... Aie, aie, aie !
L'abus
du ping pong
Si vous n'arrivez pas à régler un problème
après trois allers retours via e-mail posez vous cette
question : ne résoudrais-je pas ce problème plus
vite par téléphone ?
Si
la réponse est non, continuez de vous échanger des
e-mails qui s'ajoutent les uns aux autres et qui génèrent
plus d'incompréhension et plus d'énervement à
chaque échange.
L'abus
de commentaires
De même, quand trop de commentaires viennent s'additionner,
la visibilité de l'e-mail finit par devenir problématique.
On use alors d'artifices : Jean marque ses commentaires ***, Julie
avec ses initiales, Paul avec des >>>.
Si
on n'arrive plus à lire le mail, c'est peut être
un signe qu'il va falloir organiser une réunion ! (vous
vous souvenez, ces machins où on discute à plusieurs
sur un même sujet dans une même pièce ?)
2ème
Partie >>
Yann
Gourvennec
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