endre en ligne est devenu facile : des scripts, des logiciels et même des
applications on-line telles Generic-Commerce
par exemple, vous permettent de monter votre boutique virtuelle en quelques
dizaines de minutes tout au plus. Mais la véritable question logistique qui se
pose est : comment, et sous quelles conditions, allez-vous vous faire payer ?
Généralités
Toute banque est, en théorie, capable de vous fournir un TPE (terminal de
paiement électronique) et de l'assortir d'un contrat dit "VAD" (vente
à distance). Cette solution vous permet, contre un abonnement forfaitaire plus
une commission pouvant aller de 0.75 à 2.50 % du chiffre d'affaires, de saisir
les coordonnées de la carte bancaire de votre client distant, et de valider une
transaction qui se traduira par un virement sur votre compte du montant de la
vente (sous déduction de la commission).
J'ai bien dit "en théorie", car de nombreux problèmes se posent,
et le parcours du futur cyber-commerçant prend vite les allures d'un
labyrinthe.
Offre soumise à étude
Si votre entreprise vient de se créer, il n'est pas dit que votre banquier
vous accordera le TPE, à plus forte raison avec un contrat VAD. En effet, bon
nombre de banques requièrent que le commerçant apporte des éléments probants
quant à son sérieux et à sa solvabilité. Certaines banques demandent même
des dépôts de garantie pouvant parfois atteindre 15.000 francs. Inacceptable
pour une petite start-up.
De surcroît, certaines banques refuseront de vous accorder ce service si
elles estiment qu'il y a un risque lié à la nature de la vente : prestation de
service (bien non "palpable"), téléchargement de logiciel, etc.
D'autres ont également des règles de déontologie (pas de marchandises dites
"pour adultes", pas de biens périssables, etc.).
Coût du système et délais de paiement
Le coût d'un tel service, et surtout sa formule de tarification, varie d'une
banque à l'autre. A priori il n'existe rien à moins d'environ 100 francs HT/mois,
assorti dans tous les cas d'une commission sur chaque transaction (0.75% à
2.50% du chiffre d'affaires TTC). Compte tenu du coût global assez faible, et
du fait qu'une grande partie de ce coût est directement proportionnelle au C.A.
réalisé, il est permis de considérer que les offres proposées sur le marché
bancaire sont, à la finale, sensiblement équivalentes.
En revanche, des écarts considérables existent quant au délai dans lequel
la banque vous reverse le montant de la transaction. Ces délais varient en
effet de 48 heures à... 7 mois dans certains cas ! Certaines banques
refusent en effet de vous reverser quoi que ce soit tant que le délai légal de
contestation par le porteur n'est pas expiré. Autant dire qu'un tel délai est
un frein total au développement du commerce électronique.
La sécurité
La plupart des contrats TPE avec VAD impliquent que, pour toute transaction
supérieure à généralement 600 francs, le terminal appelle le centre
d'autorisation bancaire pour obtenir un numéro d'autorisation. Vous avez
également la possibilité d'appeler, téléphoniquement parlant, le même
centre pour obtenir une autorisation pour des transactions d'un montant
inférieur.
Dans tous les cas, cette autorisation ne vous garantira pas contre la
faculté de contestation dont bénéficie le porteur de la carte, et ce même si
c'est bien lui qui a commandé et qui a été livré ! Certes il existe des
recours contre ce type de fraudes (identification formelle de l'auteur de la
transaction sur commission rogatoire), et ces abus sont passibles d'une amende
pouvant atteindre 2.500.000 francs et d'une peine d'emprisonnement pouvant aller
jusqu'à 3 ans, mais certains ne l'ont pas compris et fraudent quand même. Et
en attendant, la banque vous redébite du montant intégral de la transaction
(la commission bancaire reste donc perdue pour vous).
Mais le pire, c'est que dans bon nombre de banques, l'autorisation ne vous
garantit même pas que la carte utilisée existe bien ! Aussi incroyable que
cela puisse paraître, la plupart des centres d'autorisation bancaires ne savent
seulement vérifier que la carte n'est pas en opposition et qu'elle n'est pas en
dépassement d'encours. Or, une fausse carte ne pouvant par définition être en
opposition ni en dépassement d'encours, sera acceptée si l'algorithme de son
numéro est correct ! Evidemment, quelques jours plus tard votre banque
redébitera votre compte au motif "carte inexistante"... après avoir
quand même encaissé une commission qui ne vous sera jamais remboursée !
Quelles solutions concrètes ?
Il faut savoir qu'aucune banque ne peut vous garantir contre les recours en
contestation que peuvent exercer les porteurs des cartes bancaires que vous avez
débitées. Cela changera à terme avec le système des lecteurs de cartes
intégrés aux ordinateurs, la carte étant formellement identifiée. Mais pour
l'instant, vous n'êtes pas à l'abri d'un plaisantin qui trouve intelligent de
risquer 3 ans de prison ferme pour économiser 500 ou 1000 francs.
En revanche, des systèmes comme CyberMut
(partenariat Crédit Mutuel et CIC) ou TéléCommerce
(France Télécom), ne laissent pas passer les cartes inexistantes. Ce n'est pas
le Pérou, mais c'est un progrès. Un progrès qui tient au fait que le système
de télépaiement interroge en temps réel, ou au pire dans l'heure qui suit, la
banque du porteur de la carte, et décide d'accorder ou non une autorisation.
De plus, ces systèmes vous permettent de garder "sous le coude"
les transactions à effectuer, que vous pourrez déclencher au moment de
l'expédition par exemple.
Ces solutions "intelligentes" de télépaiement reviennent plus
cher que les solutions bancaires classiques avec TPE. Mais la qualité du
service, à mon sens, le justifie : si vous expédiez une marchandise un tant
soit peu coûteuse à l'utilisateur d'une carte inexistante, combien aurez-vous
perdu d'argent ?
En conclusion
La solution de commerce en ligne idéale n'existe pas encore, et le système
législatif en vigueur, s'il a nettement progressé, est encore insuffisant.
S'il est légitime que le titulaire d'une carte bancaire dispose d'un délai de
contestation s'il a réellement été victime d'un escroc, il n'est en revanche
pas acceptable qu'un commerçant soit obligé de déposer plainte, de faire des
pieds et des mains pour obtenir une commission rogatoire, puis d'attendre les
résultats d'une enquête de police ou de gendarmerie, pour se faire payer une
marchandise commandée par un fraudeur.
Ce sont autant de freins au développement des boutiques en ligne. Et
lorsque, de surcroît, les banques prélèvent des commissions pour des services
qui, à l'usage, se révèlent inutiles voire inexistants, l'on se dit qu'une
fois de plus rien n'est fait dans notre pays pour que les entreprises se
créent, se développent et prospèrent.
D'un regard un peu moins pessimiste, j'espère avoir su attirer votre
attention sur la nécessité absolue de bien comparer les offres bancaires avant
de choisir votre système de paiement en ligne.
Jean Lançon,
http://www.mjpresse.com
NDLR, pour
compléter cet article :
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