l
y a tout juste quelques semaines de cela, un parfait inconnu,
internaute de son état, a empoché une somme que bien des webmasters
professionnels, courageux, talentueux et tenaces n'auront pourtant
jamais, malgré tout le mérite qui leur revient, la chance de toucher
: 8 millions de dollars. Ce qu'il a fait ? Pas grand chose, en
fait. Simplement il avait acheté un nom de domaine, mp3audiobooks.com.
Pas de quoi sauter au plafond. Sauf que ce nom de domaine résumait
exactement l'activité d'une société, qui a décidé de "mettre
le paquet" pour en devenir propriétaire...
Certes,
ce n'est pas tout le monde qui peut prétendre vendre ainsi un
nom de domaine, surtout s'il n'est pas, a priori, fondamentalement
significatif. Ceci étant, rien ne dit non plus que si cet internaute
inconnu avait acheté, à l'époque où ils étaient disponibles, les
domaines mp3.com, audio.com et books.com, il aurait réussi à en
tirer autant d'argent en les revendant.
Pourtant,
la navigation intuitive présente dans les navigateurs vedettes
que sont Netscape et Internet Explorer, toute la prise en compte
de plus en plus fréquente du contenu de l'URL par les moteurs
lors d'une recherche par mots-clés, laissent à penser que, pour
quelque temps encore - un temps qui ne se comptera sans doute
pas en années, le nom de domaine à caractère plus ou moins générique
a une valeur marchande indéniable.
Pour
quelque temps seulement, car il est évident que la liste des domaines
génériques disponibles va finir par s'épuiser. Et que le petit
génie chanceux parfaitement inconnu n'aura bientôt plus la moindre
chance de trouver un nom de domaine dont il sera assuré d'une
valeur de revente conséquente.
En
fait, d'ores et déjà, il convient de se rabattre sur des domaines
que je serais tenté de "semi-génériques". Ainsi, il
y a encore quelques semaines, des domaines tels boutiques-en-ligne.com,
mag-internet.com, guitariste.com et même internetsexe.com (!)
étaient disponibles. Etaient...
Alors,
faut-il ou non se lancer dans la spéculation et dans le commerce
de noms de domaine pré-réservés. Je serais tenté de dire oui.
Car on a vu récemment des noms de domaine en .com se faire racheter
à prix d'or par les propriétaires des équivalents en .fr, par
exemple (l'inverse n'étant pas aisément applicable en vertu de
la charte AFNIC). Et on a vu aussi Altavista oublier d'acheter
altavista.fr à quelques semaines du lancement de la version française
du portail !
Rien
n'est jamais figé sur Internet. Mag-internet.com ou internetsexe.com
ne se vendront peut-être jamais, alors que vous aurez peut-être
la chance de vendre très cher le schploiiing.com que vous aviez
fièrement acquis. Mais les prix des noms de domaines baissent,
et ne représentent désormais vraiment plus un investissement important.
En acheter avec "feeling" et sens de l'anticipation
et/ou du net-business, peut quand même finir par être rentable.
Avantages
: peu d'investissement ; possibilité de décrocher des sommes rondelettes
tout en gardant votre indépendance (pas négligeable en ces périodes
où tout le monde rachète tout le monde) ; liquidités pouvant être
réalisées à court terme.
Inconvénients
: risque de ne jamais amortir votre (faible) investissement ;
"condamnation" à renouveler régulièrement la redevance
de votre domaine (car dans ces cas-là, la Loi de Murphy frappe,
et vous trouverez toujours un petit futé pour enregistrer votre
ex-domaine dès qu'il sera retombé dans le domaine public) ; nécessité
de faire verrouiller l'opération par un avocat, de préférence
spécialisé dans le droit sur Internet, donc versement d'honoraires
à prévoir.
La
spéculation sur les noms de domaine n'est ni un métier, ni une
fin en soi, du moins pas pour tout le monde. Dans un Internet
qui en appelle avant tout à la créativité, les fous du Flash,
de l'ASP et du XML n'y trouveront sans doute pas un moyen de "se
réaliser". Mais... et si ça les aidait à mettre sur pied
un projet qui leur tient à coeur ? Allez donc savoir...
Jean
Lançon,
http://www.jeanlancon.com
|