epuis juillet 2000, 16 projets disséminés
dans le monde testent la possibilité d'accéder
à Internet grâce au réseau électrique.
L'idée de base cette technologie baptisée
" courant porteur de lignes " (CPL) est relativement
simple, mais elle pourrait bien changer la physionomie du
secteur des Fournisseurs d'Accès à Internet
(FAI). Le courant électrique est transporté
sous des fréquences basses dans le circuit électrique.
Mais les fils peuvent aussi supporter des hautes fréquences
qui ont la faculté de transmettre des données.
En utilisant le champ magnétique généré
dans les circuits électriques par le passage du courant,
on peut ainsi créer un " véhicule "
pour des données dits Internet.
Ce type d'installation serait un concurrent sérieux
des accès Internet à haut débit. En
effet, la contrainte de l'ADSL ou du câble réside
dans le montant conséquent des investissements à
réaliser pour l'opérateur, dont une partie
est supportée par le particulier sous la forme d'un
abonnement. De plus, celui-ci doit, de surcroît, acquérir
un décodeur, ou se faire poser une ligne spéciale.
Ces coûts excessifs constituent une barrière
importante à l'entrée, pour les particuliers.
Dès lors, les seuls clients pour ces solutions à
haut débit sont les entreprises, ce qui réduit
considérablement les débouchés.
Outre un débit supérieur, le CPL ne nécessite
aucun nouvel investissement : dans de très nombreux
pays, le réseau électrique est déjà
présent sur la quasi-totalité du territoire.
Avec cette technologie, le client particulier n'aurait qu'à
acquérir un simple boîtier pour accéder
à Internet sans surcoût sur sa facture téléphonique.
Par ailleurs, le CPL présente deux avantages majeurs
pour les utilisateurs par rapport aux autres technologies.
Premièrement, il pourrait rester connecté
sans interruption et sans augmentation de la facture d'électricité.
Deuxièmement, la navigation devrait être plus
fluide, le réseau électrique étant
décentralisé.
Le 22 mars prochain, L'allemand RWE et le suisse Ascom devraient
donc présenter au Cebit, salon du high-tech à
Hanovre, leurs produits complets permettant la connexion
à Internet via le réseau électrique.
Ces deux sociétés ont conjointement finalisé
ce projet, développé à l'origine par
Nortel et l'anglais Norweb. Le produit devrait être
commercialisé par la suite, entre 150 et 230 Euros.
Dans le même temps, deux autres sociétés
allemandes, Veba et EnBW, testent leurs produits auprès
de foyers allemands. D'autres acteurs majeurs européens
comme l'espagnol Endesa ou l'anglais Powergen se disent
très intéressés et multiplient les
recherches. Aux Etats-Unis, Sithe Energies, premier fournisseur
d'électricité de la côte Est et contrôlé
à 60% par Vivendi Environnement, compte se lancer
dans le CPL.
Dans de nombreux autres pays, des projets similaires sont
à l'étude. Et la prochaine dérégulation
du marché de l'électricité en Europe
devrait accélérer ce mouvement. En effet,
les nouveaux arrivants sur le marché de l'électricité
se positionneront à priori sur ce segment, puisqu'il
pourrait être rentable très rapidement. Cela
permettrait donc de financer les investissements lourds
que nécessite la production d'énergie.
En France, le statut légal d'EDF pose problème.
Le groupe est un établissement public et, au nom
du Principe de Spécialité, il doit se cantonner
à son champs d'activité, la production et
la fourniture d'énergie électrique. Officiellement
donc, il n'est pas question pour EDF de développer
une offre d'accès Internet via son réseau.
Mais les dirigeants de l'entreprise publique ne cachent
pas leur intérêt pour cette nouvelle technologie
(l'arrivée de nouveaux concurrents devrait entraîner
une baisse des marges opérationnelles).
La perspective d'offrir à ses abonnés une
solution complète, où tous les appareils électriques
seraient reliés entre eux via Internet, peut constituer
une indéniable valeur ajoutée à l'offre
d'EDF. Preuve de l'intérêt du groupe public
pour le CPL, c'est un ingénieur français,
Jean-François Doubray, qui préside le forum
international consacré à cette technologie,
l'International Powerline Communications Forum
Il reste à évaluer si le volume des profits
et les marges engendrés par cette technique est à
même d'attirer les producteurs d'électricité.
Norweb et Nortel avaient abandonné le projet en 1999
pour des perspectives de rentabilité insuffisantes.
Il reste que des premières applications pratiques
devraient voir le jour dans le courant de l'année.
Richelieu
Finance : Fabrice
LEFEVRE SORY
Chargé du développement stratégique
Tél.
: 01.42.89.00.00.
www.richelieufinance.fr
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