a gigantesque opportunité commerciale et économique que représentent les autoroutes de l'information ont permis de révéler de nouvelles vocations et de nouveaux métiers. Parmi ceux-ci, celui de concepteur-designer de sites Web. Ce marché est actuellement en pleine expansion, mais pour combien de temps?
Au
commencement était le Web, et son langage de description de pages, le
célébrissime HTML. Un langage assez simple pour qui savait un peu "bidouiller"
avec son PC, mais assez hermétique pour l'utilisateur lambda. Alors,
des sociétés comme Microsoft, Adobe, Claris, Macromedia et bien d'autres,
ont mis au point des outils permettant de créer des sites Web avec quasiment
autant de facilité que pour créer un simple courrier dans Word.
Ces outils, aussi conviviaux
soient-ils, ne sont cependant pas à même de répondre à toutes les étapes
de la conception d'un site Internet. Ils ne définiront pas votre stratégie
en ligne, ne couvriront jamais toutes les évolutions technologiques
existantes ou à venir, et bien pire, s'ils sont complémentaires, ils
ne seront cependant pas toujours compatibles entre eux, et ce malgré
l'uniformité présumée du langage HTML.
Parallèlement à cela, au
fur et à mesure qu'elles prennent place sur le Net ou qu'elles y développent
et améliorent une présence déjà existante, les entreprises recherchent
souvent le "mouton à cinq pattes", c'est-à-dire un webmaster multi-tâches
et pluridisciplinaire capable d'être à la fois un graphiste chevronné,
un programmeur émérite, un inventeur capable d'imaginer et de réaliser
de nouveaux concepts fonctionnels et technologiques, un homme de marketing
et un spécialiste de la promotion.
Dans la pratique, cet homme-orchestre
est quasiment impossible à trouver, même en y mettant le prix. En revanche,
il sera beaucoup plus aisé de combiner les talents d'un graphiste (souvent
transfuge du monde de la PAO), d'un créateur-développeur HTML responsable
de la mise en page et de l'arborescence du site, d'un analyste-programmeur
chargé de mettre en place les scripts du site à réaliser, et de développer
une synergie de collaboration avec les équipes marketing déjà en place
au sein de la société.
Pour la PMI/PME française
typique, il ne sera souvent pas possible de créer en interne une "internet
team" composée de salariés à temps complet, aussi ces sociétés devront
souvent recourir à des intérimaires, des intervenants en free-lance
ou des sociétés de services. La réalité économique légitime donc l'existence
de sociétés de conception et de réalisation de sites Internet.
Au sein de cette société
de services, il sera nécessaire de recruter des spécialistes dans chaque
domaine, car le "mouton à cinq pattes" évoqué plus haut ne sera pas
plus disponible que pour les autres sociétés. Ce sera donc à ces sociétés
de services d'investir et de miser sur des têtes compétentes et dynamiques
pour mieux servir leur clientèle. Il sera même sans doute nécessaire
de prévoir par exemple, dans le domaine des analystes-programmeurs,
un expert du Perl, un spécialiste des ASP, un orfèvre de Cold Fusion,
etc.
Il est aussi permis de
penser que dans un avenir assez proche, l'intervention des sociétés
de services sera ponctuelle. La mise en page et l'arborescence d'un
site Web, avec des outils comme Front Page ou Dreamweaver, est (presque)
à la portée de tout le monde et ne nécessite qu'un faible investissement.
Les sociétés de développement n'interviendront donc souvent que pour
rendre le site dynamique et interactif, développer des scripts et applications
sur mesure, interfacer un site avec des bases de données, etc. Et il
est probable que ces sociétés sous-traitantes devront probablement se
spécialiser dans un domaine précis pour rester dans la course.
Le métier de concepteur
web ne sera donc un métier d'avenir que si, à terme, ses acteurs apprennent
à se spécialiser, à innover, à inventer. Reste toutefois que dans les
zones "commercialement les plus retirées", une clientèle potentielle
existe. Elle sera souvent moins exigeante, se contentera d'une présence
presque "banale" sur le Net, et ne demandera pas de développements bien
compliqués. Mais attention, elle ne consacrera jamais de lourds budgets
pour un site web. Mais elle permettra, une fois pour toutes, de scinder
le marché en deux: d'un côté, des professionnels rompus aux dernières
technologies, et de l'autre des semi-amateurs approximatifs pour une
clientèle approximative.
Jean
Lançon
http://www.mjpresse.com
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