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avons traité des fortes mutations en cours dans le secteur du BTP et du
possible retour des investisseurs vers des activités plus traditionnelles.
Même si les bouleversements dans le secteur de la distribution sont moins
marqués que dans celui du bâtiment, on constate cependant une course
constante à l'internationalisation dans un contexte concurrentiel accru.
Le récent rachat de 100% du capital de GB (filiale hypermarchés
et supermarchés du numéro un belge de la distribution GBI) par Carrefour
illustre parfaitement cette situation où la croissance externe est devenue
l'élément clef dans la stratégie de ces entreprises.
Face à
de redoutables concurrents tels que l'américain Walmart ou le britannique
Tesco qui cherchent en permanence à se développer au niveau international,
Carrefour se devait d'entériner sa stratégie de croissance européenne.
En portant sa participation de 27,5% à 100% dans la société
belge GB, le groupe français a ainsi assis sa position de leader européen
et de numéro 2 mondial de la distribution. Carrefour évolue en effet
dans un domaine d'activité où l'arrivée de grands concurrents
étrangers représente une réelle menace. A titre d'exemple,
des rumeurs circulent depuis quelques temps sur la probable main mise de l'américain
Walmart sur Métro.
Le groupe
français devra donc payer 670 millions d'euros à GBI, maison mère
de GB, pour s'octroyer en totalité le capital du leader belge de la grande
distribution. Si le prix ne semble pas particulièrement excessif et que
l'acquisition lui ouvre les portes du marché belge, l'intégration
de cette structure ne sera pas sans difficulté.
En premier
lieu, le marché apparaît comme très mature et tout autant
concurrentiel. Malgré ses 32 ,6% de parts de marché, GB souffre
depuis quelques temps de l'érosion progressive mais significative de celles-ci.
Son concurrent le plus menaçant, bien qu'encore numéro 3 dans le
pays, s'appelle Colryut. Grâce à une organisation interne extrêmement
efficace, ce groupe ne cesse de grignoter petit à petit des parts de marché.
Quant au numéro 2 belge, AD Delhaize, même s'il souffre aussi de
l'efficacité " colryutienne ", son omniprésence n'est
pas à négliger.
L'autre source de préoccupation pour Daniel Bernard (PDG de Carrefour)
est le compte de résultats de sa nouvelle filiale belge. En effet, les
pertes d'exploitation de 1999 ont quasiment doublé par rapport à
l'année précédente. Leur montant s'élevait par conséquent
à 20,5 millions d'euros contre " seulement " 11,2 millions d'euros
en 1998. Ces mauvais résultats sont cependant partiellement justifiables.
Un plan de relance dynamique avait déjà été lancé
se caractérisant par une plus grande agressivité sur les prix, des
coûts de réorganisation élevés et une nouvelle redistribution
des franchises.
Globalement l'opération est dans la stricte logique de la fusion opérée
par Carrefour avec Promodès (puisque la participation initiale de 27,5%
dans GB provenait de Promodès). En outre, le paiement étant étalé
sur la période 2000-2001, l'endettement de Carrefour ne devrait pas trop
s'accroître. Quant aux résultats de Carrefour, nous ne devrions pas
observer de dégradation dans la mesure où une partie du cash nécessaire
pour financer l'opération proviendra de la cession à Klépierre
de 150 galeries marchandes européenne.
Pour l'ensemble de ces raisons, la grande majorité des analystes sont positifs
sur le géant français. De plus Carrefour sera certainement capable
d'insuffler une nouvelle dynamique à GB qui manque fortement de rentabilité.
Pour cela le groupe français peut compter sur plusieurs atouts majeurs
tels qu'un savoir-faire incontestable, une importante puissance d'achat au niveau
européen et une logistique très développée.
Enfin,
malgré l'optimisme du groupe Carrefour, le paiement de la première
tranche de 201 milllions d'euros visant à financer l'opération,
dépendra de l'approbation des autorités de concurrence. Par conséquent,
dans un secteur où chaque intervenant ambitionne d'être numéro
1, le seul obstacle pourrait provenir des autorités officielles de régulation
qui chercheront à empêcher la prise de positions dominantes de ces
géants de la distribution.
Nathalie
PELRAS / Richelieu Finance
Gérante du FCP TECH NET
www.richelieufinance.fr
Tel : 01 42 89 00 00
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