lors
que Bouygues venait à peine de lancer son OPE sur Colas afin d'asseoir
sa position de numéro 1 mondial du BTP, le groupe Vinci réagissait
en lançant à son tour une opération publique d'échange
amicale sur GTM et s'octroyait ainsi le leadership du secteur. Après une
année 1999 historiquement élevée en terme de bénéfices
mais neutre d'un point de vue boursier, les entreprises du BTP apparaissent comme
globalement sous-valorisées par rapport à leurs potentiels réels.
Des valeurs telles que Vinci, GTM ou Eiffage, longtemps boudées par les
investisseurs, pourraient ainsi bénéficier de la dynamique actuelle
de restructuration.
L'OPE
de Bouygues sur Colas (une action Bouygues pour une action Colas) valorisant cette
dernière plus de 2 Milliards d'euros, a fait prendre conscience au marché
que le secteur du BTP était globalement sous-valorisé. En détenant
à l'issue de l'opération 100% de sa filiale (contre 56% jusqu'alors),
le géant français du BTP entend bien " permettre à l'entreprise
de poursuivre son développement et sa croissance au sein du groupe Bouygues
". L'acquisition du constructeur routier qui dispose d'une capacité
d'autofinancement de 280 millions d'euros devrait permettre au groupe de Martin
Bouygues d'assurer les lourds investissements prévus dans sa branche téléphonie
mobile. En effet, le coût d'acquisition de la licence UMTS est fixé
à plus de 4,5 milliards d'euros, montant auquel il faudra ajouter le financement
du redéploiement du réseau et l'ensemble des coûts promotionnels.
Colas représente donc un apport de cash présent et futur conséquent,
permettant ainsi à Bouygues de développer son pôle communication.
Classés
respectivement 10ème et 13ème groupes mondiaux dans le secteur de
la construction, les sociétés du nouvel ensemble GTM-Vinci devraient
bénéficier de plusieurs atouts leur permettant de détrôner
Bouygues à la place de numéro 1. Avec un chiffre d'affaires pro
forma de 16 milliards d'euros pour 2000, le groupe s'imposera donc dans le domaine
des concessions avec, à titre d'exemple, 66% du capital de Cofiroute qui
est spécialisé dans les travaux autoroutiers. Il deviendra parallèlement
numéro 1 européen dans le pôle construction avec la mise en
commun de ses structures Campenon Bernard, Dumez-GTM, Freyssinet, GTM construction
et Sogea. En outre, les synergies entre les deux groupes devraient permettre de
dégager 45 millions d'euros d'économies par an, même s'il
faudra attendre 2003-2004 pour le constater. Le seul élément décevant
de l'opération est la perte du pôle électricité de
GTM au profit de Suez Lyonnaise, privant le niveau groupe de fortes opportunités
de croissance.
Enfin,
nous avons pu constater dernièrement de la part des investisseurs, un certain
attrait pour la nouvelle structure. Ainsi l'ensemble qui se négocie 8,5
fois ses résultats pour 2000, pourrait, si le marché lui reste favorable,
intégrer rapidement le CAC 40.
Notons
en outre que ce mouvement général de concentration va de paire avec
un recentrage vers des activités moins cycliques. En effet, la part du
BTP dans le chiffre d'affaires de ces entreprises tend à se réduire
au profit des métiers offrant des revenus plus récurrents. Les activités
électriques, routières et de concessions devraient ainsi d'avantage
tirer la croissance dans ce secteur.
Quant
à Eiffage, il semble quelque peu en marge par rapport à ses concurrents
directs. En effet, contrairement à ses pairs, le groupe place au cur
de sa stratégie et de sa croissance son activité BTP. De plus, avec
une structure financière saine grâce à un gearing (rapport
dettes/fonds propres) réduit de 60% à 30% et un résultat
net en croissance de 60%, la valeur ressort comme la moins chère du secteur.
L'ensemble
des analystes s'accordent pour reconnaître à la fois la sous-valorisation
et l'attrait généré par l'ensemble de ces sociétés.
En outre, après quelques mois tumultueux sur le marché, notamment
pour les valeurs de la nouvelle économie, un recentrage vers des activités
plus traditionnelles telles que le BTP se justifierait parfaitement. Enfin, malgré
le caractère cyclique de cette activité pouvant freiner certains
investisseurs à la recherche de rendements rapides , le risque s'avère
limité et le potentiel de hausse est intact.
Nathalie
PELRAS / Richelieu Finance
Gérante du FCP TECH NET
www.richelieufinance.fr
Tel : 01 42 89 00 00
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