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  La restructuration du secteur BTP
Dossier "SAM Le Directeur" du 7 au 20 août 2000 par Nathalie Pelras

lors que Bouygues venait à peine de lancer son OPE sur Colas afin d'asseoir sa position de numéro 1 mondial du BTP, le groupe Vinci réagissait en lançant à son tour une opération publique d'échange amicale sur GTM et s'octroyait ainsi le leadership du secteur. Après une année 1999 historiquement élevée en terme de bénéfices mais neutre d'un point de vue boursier, les entreprises du BTP apparaissent comme globalement sous-valorisées par rapport à leurs potentiels réels. Des valeurs telles que Vinci, GTM ou Eiffage, longtemps boudées par les investisseurs, pourraient ainsi bénéficier de la dynamique actuelle de restructuration.

L'OPE de Bouygues sur Colas (une action Bouygues pour une action Colas) valorisant cette dernière plus de 2 Milliards d'euros, a fait prendre conscience au marché que le secteur du BTP était globalement sous-valorisé. En détenant à l'issue de l'opération 100% de sa filiale (contre 56% jusqu'alors), le géant français du BTP entend bien " permettre à l'entreprise de poursuivre son développement et sa croissance au sein du groupe Bouygues ". L'acquisition du constructeur routier qui dispose d'une capacité d'autofinancement de 280 millions d'euros devrait permettre au groupe de Martin Bouygues d'assurer les lourds investissements prévus dans sa branche téléphonie mobile. En effet, le coût d'acquisition de la licence UMTS est fixé à plus de 4,5 milliards d'euros, montant auquel il faudra ajouter le financement du redéploiement du réseau et l'ensemble des coûts promotionnels. Colas représente donc un apport de cash présent et futur conséquent, permettant ainsi à Bouygues de développer son pôle communication.

Classés respectivement 10ème et 13ème groupes mondiaux dans le secteur de la construction, les sociétés du nouvel ensemble GTM-Vinci devraient bénéficier de plusieurs atouts leur permettant de détrôner Bouygues à la place de numéro 1. Avec un chiffre d'affaires pro forma de 16 milliards d'euros pour 2000, le groupe s'imposera donc dans le domaine des concessions avec, à titre d'exemple, 66% du capital de Cofiroute qui est spécialisé dans les travaux autoroutiers. Il deviendra parallèlement numéro 1 européen dans le pôle construction avec la mise en commun de ses structures Campenon Bernard, Dumez-GTM, Freyssinet, GTM construction et Sogea. En outre, les synergies entre les deux groupes devraient permettre de dégager 45 millions d'euros d'économies par an, même s'il faudra attendre 2003-2004 pour le constater. Le seul élément décevant de l'opération est la perte du pôle électricité de GTM au profit de Suez Lyonnaise, privant le niveau groupe de fortes opportunités de croissance.

Enfin, nous avons pu constater dernièrement de la part des investisseurs, un certain attrait pour la nouvelle structure. Ainsi l'ensemble qui se négocie 8,5 fois ses résultats pour 2000, pourrait, si le marché lui reste favorable, intégrer rapidement le CAC 40.

Notons en outre que ce mouvement général de concentration va de paire avec un recentrage vers des activités moins cycliques. En effet, la part du BTP dans le chiffre d'affaires de ces entreprises tend à se réduire au profit des métiers offrant des revenus plus récurrents. Les activités électriques, routières et de concessions devraient ainsi d'avantage tirer la croissance dans ce secteur.

Quant à Eiffage, il semble quelque peu en marge par rapport à ses concurrents directs. En effet, contrairement à ses pairs, le groupe place au cœur de sa stratégie et de sa croissance son activité BTP. De plus, avec une structure financière saine grâce à un gearing (rapport dettes/fonds propres) réduit de 60% à 30% et un résultat net en croissance de 60%, la valeur ressort comme la moins chère du secteur.

L'ensemble des analystes s'accordent pour reconnaître à la fois la sous-valorisation et l'attrait généré par l'ensemble de ces sociétés. En outre, après quelques mois tumultueux sur le marché, notamment pour les valeurs de la nouvelle économie, un recentrage vers des activités plus traditionnelles telles que le BTP se justifierait parfaitement. Enfin, malgré le caractère cyclique de cette activité pouvant freiner certains investisseurs à la recherche de rendements rapides , le risque s'avère limité et le potentiel de hausse est intact.

Nathalie PELRAS / Richelieu Finance
Gérante du FCP TECH NET
www.richelieufinance.fr
Tel : 01 42 89 00 00

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