eux équipes de chercheurs, Human Genome Project
(HGP) et Celera Genomics, viennent de publier séparément
leurs résultats sur le décryptage du génome
humain dans deux revues scientifiques spécialisées,
respectivement Nature et Science. Les conclusions sont relativement
proches. Ils établissent que le génome humain
possède entre 26000 et 39000 gènes, bien moins
que les 100000 estimés par Craig Venter, PDG de Celera
Genomics, il y a six mois.
Ces découvertes vont induire des effets majeurs dans
le secteur des biotechnologies. A terme, l'industrie médicale
devrait aussi connaître des changements aussi bien
dans les produits que dans les méthodes de recherche.
Il existe un grand nombre de sociétés de biotechnologie,
pour la plupart basées aux Etats-Unis.
Afin de bien comprendre les enjeux du secteur, il convient
d'identifier les différents segments existants. Ces
sociétés ne sont pas toutes sur le même
champ d'activité, et leur valeur future en dépend
énormément. On peut identifier trois "
métiers " pour ces entreprises.
Le
premier de ces métiers concerne la recherche fondamentale.
Ces entreprises se concentrent sur l'identification des
gènes, leurs rôles dans l'appartition des maladies.
Grâce à ces recherches, elles constituent des
bases de données qui seront ensuite vendues sous
licence aux entreprises qui développent les nouveaux
médicaments. Ces sociétés s'apparentent
à des laboratoires de recherche et développement.
Elles ne sont pas nombreuses dans ce secteur tant leur besoin
en capitaux sont importants et les perspectives de gains
lointaines. Pour obtenir des fonds, elles disposent de trois
sources de financement : les introductions en bourse, les
augmentations de capital mais aussi les accords de partenariat
avec les grands groupes pharmaceutiques. Il faut également
signaler que certaines sociétés européennes
comme Transgène recoivent des fonds d'organisation
caritative comme le Téléthon.
Les sociétés à plus forte notoriété
sont Celera Genomics ou bien encore Gemini Genomics et Genset,
qui vient d'annoncer qu'elle abondonnait la recherche fondamentale
pour se consacrer au développement de nouveaux médicaments.
La difficulté majeure pour ces sociétés
porte sur les aspects juridiques liés à la
découverte en génétique. En effet,
il n'y a pas encore d'uniformisation des législations
sur le brevetage des gènes, même si une directive
européenne de 1998 l'autorise. Certains pays ont
déjà adapté leurs lois nationales comme
la Grande-Bretagne, alors que d'autres sont beaucoup plus
hésitants à l'image de la France.
Il est fort probable que ce type d'entreprises sera intégrée
à terme au sein de grands laboratoires pharmaceutiques.
Ceux-ci suivent depuis le début le développement
de ces jeunes pousses. Il y a eu de nombreux accords de
partenariat entre les deux secteurs. On peut citer en exemple
Aventis, et Millenium, spécialiste américain
de la génomie fonctionnelle, qui ont signé
un accord de 450 millions de dollars pour l'identification
de nouveaux gènes.
Le second métier recouvre tout ce qui touche à
la fourniture de matériel génétique
ou informatique à destination des sociétés
de recherche fondamentale mais aussi aux développeurs
de nouveaux médicaments. Les acteurs de ce segment
produisent donc à la fois du matériel génétique
de synthèse, de la chimie fine et des équipements
spécialisés mais aussi des plateformes de
" drug discovery ", ou des solutions informatiques.
Les sociétés les plus connues dans ce secteur
sont Charles Rivers aux Etats-Unis et Qiagen en Europe.
Il y a beaucoup d'acteurs et relativement peu de débouchés
futurs. Avec le décryptage du génome, les
entreprises qui faisaient de la recherche fondamentale risquent
de se retirer du marché et de se tourner vers la
fourniture de solutions adaptées. Ces sociétés
auraient un avantage grâce à l'expertise acquise
dans le domaine de la recherche. Pour les développeurs
de nouveaux médicaments, il est fort probable qu'elles
intègrent à terme toutes ces fonctions.
Certaines sociétés peuvent donc s'en sortir
en adoptant une stratégie de niche..
Enfin, troisième métier, les développeurs
de nouveaux médicaments. Indéniablement, ce
segment est le plus porteur. Ces entreprises utilisent la
connaissance génétique pour développer
de nouvelles générations de médicaments.
Le nombre d'applications est très important puisqu'elles
touchent principalement le traitement du cancer, les maladies
cardio-vasculaire ainsi que les maladies génétiques.
De nombreuses sociétés sont présentes
sur le marché. Certaines sont arrivées à
maturité, le plus souvent grâce à un
produit phare. C'est le cas notamment de Genentech qui a
lancé le Herceptin en partenariat avec Roche. Ce
médicament, lancé en 1998, permet de combattre
le cancer des poumons. On peut également citer Immunex
qui a développé un produit contre l'arthrite,
Enbrel, qui devrait générer à lui seul
1,5 milliards de dollars de chiffre d'affaires d'ici 2005.
A côté de ces sociétés à
maturité, des jeunes pousses apparaissent. Maxim
Pharmaceuticals devrait lancer prochainement la Maxamine,
utilisable dans le traitement de nombreux cancers. Enfin,
Genset, qui vient d'opérer un virage stratégique
vers le développement de nouveaux médicaments,
devrait être très présent grâce
à la Famoxine, utilisée dans le traitement
de l'obésité.
Les aspects juridiques ne sont pas pour autant évacués
sur ce segment. La recherche appliquée pose un problème
sérieux à la réglementation des brevets.
L'apport du décryptage du génome va permettre
à la médecine de se transformer. Elle va devenir
plus précise puisque chacun connaîtra sa carte
génétique. Les prescriptions seront ainsi
personnalisées. Les plus fortes applications devraient
concerner le diagnostic et le traitement du cancer. Cette
transformation de la médecine aura pour conséquence
de réduire sensiblement les coûts de la médecine
publique en évitant tous les effets secondaires liés
au traitement et d'optimiser les tests cliniques tout en
obtenant une meilleure efficacité des médicaments.
Les premiers résultats concrets de la pharmacogénomique
pourraient apparaître d'ici 3 ou 4 ans.
Richelieu
Finance : Claudine
Bayle
Gérante de portefeuille
Tél. : 01.42.89.00.00.
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